A la fin de la guerre, elle fut la 2ème femme à recevoir la George Cross après Odette Sansom - dont l'histoire fut également portée à l'écran (1) – un autre ancien agent du SOE qui fut employée en tant que conseillère technique sur le tournage au cours duquel elle travailla étroitement avec Virginia McKenna qui interprétait le rôle de Violette. Cet appui d'un témoin direct des faits ainsi que sa maîtrise de la langue française (le grand-père de McKenna était français) renforçait encore la crédibilité de la jeune actrice dans ce rôle où elle se montre parfaite dans toutes les dimensions d'un personnage à multiples facettes.
Elle est d'abord montrée comme une jeune fille enjouée, avec ses amies (sa grande amie étant interprétée par l'excellente Billie Whitelaw), parfois facétieuse (durant sa période de formation, elle est à l'initiative d'un vol d’alcool dans le bâtiment des officiers), ayant une grande complicité avec ses parents (toutes les séquences familiales sont charmantes bien qu'un brin désuètes) mais c'est aussi une jeune femme timide et farouche avec les hommes … qui devient pourtant très vite une grande amoureuse (on pourra trouver l'acteur français Alain Saury pas tout à fait à la hauteur de sa partenaire) puis une mère très attentionnée (la séquence des adieux est poignante). Au démarrage du récit, elle n’est donc en rien une jeune femme intrépide même si on comprend qu'une partie de la séduction qu'a exercé sur elle son futur époux, c'est sa volonté de se battre au service de son pays.
Car évidemment, les affaires de Violette se complique lors de sa 2ème mission en France. Parachutée dans la région de Limoges dans les jours suivants le débarquement allié en Normandie, elle tente de coordonner les actions de sabotage dans la région (le chef des résistants est joué par Maurice Ronet) afin de ralentir les allemands. C'est la seule partie purement militaire, surtout la longue séquence de sa capture par une division SS ( avant une dernière partie dont je ne dis rien sinon qu'elle est tout aussi réussie que ce qui précède )
Seules petits bémols, quelques libertés prises avec la réalité :
La première ne prête pas trop à conséquence et partait probablement d'une volonté de faire vibrer un peu plus la corde sensible mais le poème The Life That I Have (2), qui sert de mot de passe à Violette, est attribué à Etienne, le défunt mari alors qu'en réalité l'auteur en était un autre employé du SOE : Leo Marks (une autre célébrité de la WWII en tant que cryptographe et – par ailleurs - futur écrivain et scénariste)
La seconde réserve porte sur un détail : le fait que Violette et Étienne ne se soient jamais revus alors qu'en réalité, Étienne eut au moins une permission et ils passèrent une semaine ensemble à Liverpool.
La dernière est plus étrange car le récit montre une Violette Szabo acceptant de prendre part à la guerre en mémoire de son mari et pour suivre son exemple … alors que la véritable Violette s'était engagée bien avant, dans la défense anti-aérienne, mais elle y était évidemment bien moins exposée qu'elle ne le fut par la suite au sein du service action mais on a quand même bien l'impression qu'elle s'engage et se sacrifie au nom du mari.
Plus tard, lors de la détention de Violette, les scènes de torture sont totalement éludées. L'interrogatoire « classique » se montrant inefficace, on cadre juste le geste du menton d'un chef de la Gestapo, l'approche de l'ombre noire d'un gros bras puis on coupe pour reprendre sur le visage blafard mais pas abîmé de la jeune femme. Jusqu'aux séquences finales -sauf celles impliquant la petite Tania – on sent cette volonté de ne pas en rajouter dans les scènes chocs et le pathos, au point d'un peu trop édulcorer la réalité dirons certains.
(1) le film consacré à cette autre héroïne franco-anglaise s'appelle : Odette, agent S.23 de Herbert Wilcox (présentation à venir)
2 Le poème qui est cité plusieurs fois, d'abord dit par Etienne qui est censé en être l'auteur :
The life that I have
Is all that I have
And the life that I have
Is yours
The love that I have
Of the life that I have
Is yours and yours and yours
A sleep I shall have
A rest I shall have
Yet death will be but a pause
For the peace of my years
In the long green grass
Will be yours and yours
and yours