Monsieur Papa - Philippe Monnier - 1977

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Moonfleet
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Monsieur Papa - Philippe Monnier - 1977

Message par Moonfleet » 20 sept. 2019, 19:21

Monsieur papa - 1977 - Philippe Monnier

Depuis son divorce, l’ingénieur Franck Lanier (Claude Brasseur) s'occupe seul de son fils Laurent (Nicolas Reboul), aujourd'hui âgé de dix ans. Il existe une belle entente entre les deux ‘hommes’ même si ça coince parfois lors des devoirs d’école pour lesquels Nicolas semble n’avoir que très peu d’affinités : il préfère jouer avec son ‘monsieur papa’ à la boxe ou au poker et a par ailleurs beaucoup à s'occuper pour palier à l'absence de sa mère. Franck est amoureux de Janine (Nathalie Baye) et ne sait comment l’annoncer à son fils ; ce dernier a néanmoins tout deviné et, furieux de se voir voler l’amour paternel, il va se laisser entrainer à faire des bêtises, allant même jusqu'à se retrouver embarqué dans le cambriolage du bistrot du coin…

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Dès la séquence pré-générique assez drôle de la laborieuse dictée, nous entrevoyons d’emblée le ton d'ensemble et comprenons immédiatement qu’il s’agira d’une comédie amusante mais anodine et sans conséquences, une de ses multiples comédies familiales qui commençait à pulluler sur les écrans dans la deuxième moitié des années 70 dans la foulée d'une littérature à succès du style de celle de Janine Boissard. Bref comme qui dirait un honnête divertissement à propos duquel il ne faut pas attendre grand-chose d’autre que de passer une agréable soirée ; ce qui en soi n’est déjà pas si mal ! Ceux qui en revanche auraient désiré tomber sur un film démontrant un sens de l’observation aigu ou un regard sociologique acéré sur la société de l’époque pourront passer leur chemin ; nous ne sommes ici ni chez Maurice Pialat ni chez Claude Sautet ni, pour en rester sur un registre plus léger et plus approchant, chez Etienne Chatiliez ou François Truffaut. La comédie de Philippe Monnier avait néanmoins la bonne idée d’aborder un sujet encore assez peu courant au cinéma à l’époque, celui de l’homme divorcé qui a la charge de son enfant. Il faut dire qu’en cette fin des années 70, les séparations n’étaient encore pas si fréquentes que de nos jours et surtout plus mal vues. Ce qui amènera d’ailleurs le film à être proposé au début des années 80 lors d’un des derniers numéros de la mythique émission d’Antenne 2, Les Dossiers de l’écran. Il est fort probable que le débat qui a suivi la diffusion aura été sur le thème des pères célibataires beaucoup plus intéressant et profond que ce qui nous est montré dans le film.

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En effet la comédie de Philippe Monnier se révèle plus ressembler à un film à sketchs qu’à un récit bien construit et structuré, passant du fils au père sans vraiment de liant, les séquences de Laurent à l’école ou en prise aux complications ‘ménagères’ étant d’ailleurs peut-être plus nombreuses que celles où l’on voit ‘monsieur papa’ à l’œuvre dans son quotidien, au bureau, avec les femmes ou à la maison avec son fils. Le film est adapté par le réalisateur lui-même d’un roman de Philippe Cauvin ; Philippe Monnier a écrit le scénario et a laissé au jeune Jean-Marie Poiré le soin de s’occuper des dialogues. Ce dernier allait commencer sa carrière derrière la caméra l’année suivante avec le sympathique Les Petits câlins avant d’avoir à son actif tous les succès qu’on lui connait. Depuis le début des années 70, Poiré était déjà scénariste de la plupart des films de Michel Audiard et il est ainsi plus facile à comprendre pourquoi les dialogues de Monsieur papa font souvent mouche : il fut à bonne école. Pour en revenir une dernière fois au méconnu Philippe Monnier, hormis deux incursions au cinéma en tant que réalisateur – après avoir été assistant pendant une dizaine d’années aux côtés de Claude Sautet, Edouard Molinaro, Costa-Gavras, Michel Deville ou Joseph Losey… pour ne citer que les plus célèbre - , il travailla surtout pour la télévision avec comme principaux titres Des grives aux loups, Joséphine, ange gardien ou encore Père et maire.

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Dans Monsieur Papa, nous assistons donc à une succession de scénettes inégales mais dans l’ensemble bien amusantes, Laurent s’avérant souvent déterminé, culotté et beaucoup plus mature que son père. Le jeune Nicolas Reboul s’avère d’ailleurs très bon comédien et arrive à tenir la dragée haute à l’excellent Claude Brasseur tout à fait à son aise dans ce rôle de père ‘adulescent’ vite débordé et s’emmêlant facilement dans ses mensonges et ses piteuses excuses lorsqu’il s’agit de cacher sa nouvelle relation avec une jeune femme interprétée par Nathalie Baye dont le personnage est malheureusement bien trop sacrifiée, faisant quasiment office de meuble tellement on ne lui a donné à faire que des choses insignifiantes. On ressent en revanche une belle complicité entre Claude Brasseur et Nicolas Reboul. La chronique prend un semblant de colonne vertébrale dans le dernier quart lorsque Laurent, choqué d’avoir découvert deux billets d’avion pour Bangkok pour son père et sa maitresse, panique de ne pas faire partie du voyage et va décider de trouver de l’argent pour pouvoir les accompagner. Pour se faire, il va se voir embarqué dans le cambriolage du bistrot du coin ; coup monté par un jeune ‘cave’ interprété avec beaucoup de cocasserie par un tout jeune Daniel Auteuil qui sera l’année suivante l’un des violeurs du puissant pamphlet de Yannick Bellon, L’amour violé… avant d’entamer la superbe carrière qui perdure encore. Avant ce cambriolage, il avait déjà poussé Laurent à piquer des 33 tours dans les rayons de Felix Potin au cours d’une séquence vraiment très drôle, surtout dans sa chute. Beaucoup d’humour mais aussi une certaine tendresse sans aucun pathos et quelques séquences assez touchantes si l'on excepte le final qui aurait pu l’être mais qui s’avère un peu trop vite expédiée ; l'auteur du film aura d'ailleurs un peu trop souvent confondu vitesse et précipitation.

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A l’image de la musique de Mort Shuman, une comédie totalement anodine mais cependant non dénuée de charme et qui pourra facilement faire passer un agréable moment en famille comme le fera par exemple quelques années plus tard la série Papa Poule. Et pour ceux qui avaient l’âge du jeune Laurent à cette époque – dont votre serviteur – le film leur apportera peut-être une bouffée de nostalgie au travers détails de décors, objets, rues et voitures que l’on croise tout au long de cette légère chronique de mœurs. Avec le plaisir sans cesse renouvelé de croiser aussi au détour de quelques séquences Catherine Lachens ou Eva Darlan, voire même dans d’encore plus petits rôles Brigitte Catillon, Michel Creton Moustache et même Josiane Balasko. Pas de quoi se relever la nuit mais pas désagréable non plus !
Source : DVDclassik