Mademoiselle Porte-bonheur - Lucky me - 1954 - Frank Donohue

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Moonfleet
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Mademoiselle Porte-bonheur - Lucky me - 1954 - Frank Donohue

Message par Moonfleet » 24 mai 2019, 15:27

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Mademoiselle Porte-bonheur (Lucky me)

Réalisation Frank Donohue
Avec Doris Day, Phil Silvers, Robert Cummings, Eddie Foy Jr.
Scénario : Irving Elinson, Robert O’Brien & James O’Hanlon
Photographie : Wilfred M. Cline (Warnercolor 2.55)
Musique : Sammy Fain
Une production Warner Bros
USA – 100 mn -1954


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A Miami, le spectacle de vaudeville ‘Parisian Pretties’ n’attirant pas les foules, ses comédiens sont congédiés. Cette petite troupe de seulement quatre membres est constituée de la superstitieuse et gaffeuse Candy (Doris Day), ainsi que de Hap (Phil Silvers), Duke (Eddie Foy Jr) et Flo (Nancy Walker). Les voilà partis à la recherche d'un nouveau contrat, ce qui ne va pas s’avérer aisé d’autant qu’ayant voulu escroquer sans succès un hôtelier, les voilà obligés de rester quelques jours en ces lieux pour ‘rembourser’ leurs dépenses inconsidérées en faisant la plonge et le ménage. Flo apprend que le célèbre compositeur de Broadway Brad Carson (Robert Cummings) est descendu dans ce même hôtel et qu’il est en train d’écrire un nouveau spectacle qu’il espère financer grâce au riche père de sa fiancée. Par ‘chance’ pour notre petite troupe théâtrale, Brad – qui se fait passer pour un garagiste pour rester dans l’anonymat- va tomber amoureux de Candy qu’il a rencontrée par hasard après que celle-ci ait provoqué un accident endommageant sa voiture. Sans l'informer de la véritable identité de son nouvel ami, ses trois 'compères' vont faire en sorte que Candy puisse entretenir cette relation dans l’espoir d’être recrutés pour le spectacle. Ce qui va provoquer maintes jalousies et quiproquos…

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Alors qu’elle est au sommet de sa gloire -c’est à cette époque non seulement l’actrice hollywoodienne la mieux payée mais également la chouchoute des américains-, les retombées psychologiques d'une telle notoriété se font ressentir et c’est une Doris Day moralement affaiblie et au bord de la crise de nerfs qui est obligé d’accepter pour motif contractuel de tourner ce Lucky Me qui ne l’attire pourtant pas du tout et qu’elle ne souhaitait pas faire. Entre un scénario pas de première fraicheur mettant en scène quatre comédiens en quête de financement pour leur spectacle (on trouve des postulats de départ très ressemblants à plusieurs reprises au sein même de la filmographie de la comédienne) et le choix de Robert Cummings pour être son partenaire masculin principal en lieu et place de Gordon McRae avec qui elle s’entendait à merveille… rien ne fait qu’elle s’attache à un projet auquel elle ne croit guère. Elle donnera néanmoins son maximum même si on sent un peu plus de retenue et un certain ‘inconfort’ dans son jeu, comme si elle était un peu ‘hors du coup’ et récupérait de son trop plein d’énergie dépensée lors de son précédent Calamity Jane qui fut un immense succès critique et public, ce qui ne sera pas le cas de Lucky Me, boudé par les uns et les autres.

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Et en effet, Lucky Me est loin d’être un sommet dans la filmographie de Doris Day ; l’actrice semble un peu en retrait malgré la pétulance dont elle ne se départit pas, l’intrigue routinière n’a que peu d’intérêt et les duettistes Sammy Fain et Paul Francis Webster à l’origine des mélodies n’ont pas choisi leurs meilleures partitions ; alors que Calamity Jane était une succession de tubes en puissances récompensée très justement par un Oscar (pour ‘Secret Love’), hormis l’entêtante ‘The Superstition Song’ (qui annonce dans sa mélodie et son orchestration l’une des meilleures chansons du génial Pajama Game de Stanley Donen), rien d'autre de musicalement mémorable à retenir ; il en va de même concernant les numéros, seul ‘Men’ s’avèrant amusant, la jolie romance ‘I Speak to the Stars’ qui aurait dû être le grand moment du film pour Doris Day étant mise en scène d’une manière trop kitsch pour rester dans les mémoires. "There were some pictures I performed in that I didn’t like at all. I couldn’t sit through them for any amount of money. But many people have been entertained by them and don’t share my feelings. So there it is again – nothing is good or bad” dira Doris day dans son autobiographie en parlant de ce film qui lui aura néanmoins permis de rencontrer Judy Garland qui tournait Une étoile est née (A Star is Born) sur un plateau voisin et avec qui elle se liera d’une forte amitié.

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Pour la petite histoire, Lucky Me marque non seulement la première apparition à l’écran de Angie Dickison (il faut ouvrir grand les yeux pour l’apercevoir) mais est aussi la première comédie musicale sortie sur les écrans à avoir été tournée en cinémascope ; dommage que le chorégraphe Jack Donohue s’étant vu confier la réalisation du film ne semble avoir eu aucunes affinités avec le format large utilisé ici sans la moindre once d’invention. Quant au choix de Robert Cummings (Le Crime était presque parfait – Dial M for Murder d’Alfred Hitchcock), il reste tout aussi incompréhensible, pas du tout à l’aise en jeune premier ou derrière un piano, de plus aucune alchimie ne se dégageant du couple qu’il forme avec Doris Day. D’ailleurs le film commence à battre de l’aile à la fin de son premier tiers qui correspond justement à l’apparition de Cummings alors que la séquence d’ouverture laissait présager une comédie musicale bien plus réjouissante. Eddie Foyle Jr., Nancy Walker et Phil Silvers font en revanche très honnêtement leur travail, Silvers n’étant pas avare de cinglantes réparties, son sens du timing étant parfaitement bien réglé.

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Généralement considéré comme médiocre, ce film narrant les déboires d'un quatuor d'artistes ayant du mal à trouver un financement pour monter un spectacle, s'il ne brille effectivement ni par sa mise en scène, ni par sa chorégraphie, ni par sa musique et encore moins par son scénario d'une grande banalité, n'en demeure pas moins loin d'être désagréable grâce à l'abatage de quelques uns de ses acteurs et de quelques jolies séquences comme celle qui ouvre le film qui voit Doris Day se balader dans les rues de Miami en chantant 'The Superstition Song' tout en ne se rendant pas compte qu'elle provoque la pagaille derrière elle. Quelques autres petits plaisirs au passage : avoir vu Doris Day avec une perruque brune ou Phil Silvers se faire passer pour un milliardaire texan gouailleur et vulgaire... En y réfléchissant, pas grand chose d'autre d'inoubliable mais le souvenir d'un moment plutôt sympathique. Déjà ça de pris !

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Après un début de carrière réjouissant pour Doris Day au cours de laquelle David Butler et surtout Michael Curtiz lui offrirent soit de très beaux rôles soit des comédies musicales assez jubilatoires (notamment les deux premières), le petit creux de la vague durant les années 1951, 1952 et 1953 allait prendre fin, Gordon Douglas, Charles Vidor et Alfred Hitchcock étant sur le point de lui donner l’occasion de briller dans des films d’un tout autre niveau, et c’est peu de le dire ! Young at Heart, Love me or Leave me et The Man who Knew too much viendront rapidement faire oublier ce relative passage à vide dans la filmographie de l’actrice.
Source : DVDclassik

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