Champagne for Caesar - 1950 - Richard Whorf

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kiemavel1
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Champagne for Caesar - 1950 - Richard Whorf

Message par kiemavel1 » 29 déc. 2019, 21:54

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Beauregard Bottomley, un intellectuel qui a passé sa vie à se cultiver sans parvenir à tirer profit professionnellement de ses immenses connaissances, est au chômage et célibataire. Il partage son bungalow à Los Angeles avec sa sœur Gwenn (Barbara Britton), professeur de piano, et leur perroquet parlant. Un soir, avec Gwenn, à la devanture d'un magasin, il tombe sur un quizz télévisé appelé Masquerade for Money qu'il trouve bête et dégradant pour ses candidats contraints de se déguiser. Le lendemain, il est précisément envoyé pour postuler à un emploi à la Milady Soap Company, le sponsor de l'émission, y est reçu par l'excentrique et mégalomane PDG de l'entreprise, Burnbridge Waters, mais celui ci trouve inopportune une blague de Beauregard et ne l'engage pas. Décidé à se venger, il se présente comme candidat au quizz et remporte victoire sur victoire à la grande satisfaction du fabriquant de savons dont les ventes progressent de manière exponentielle en raison de la popularité grandissante de Beauregard. Mais ce dernier, refusant d'encaisser ses gains et préférant prendre le risque de tout perdre, se représente semaine après semaine, gagne et double ses gains à chaque émission, au point de menacer de mettre Waters sur la paille. Aussi, ce dernier va tout tenter pour se débarrasser de ce trop brillant candidat …
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Champagne for Caesar est une comédie douce amère qui se voulait déjà satirique sur le media qui n'en était qu'au début de son expansion : la télévision. Il se moquait en particulier des jeux idiots tendant à humilier les candidats, de l'emprise de la publicité et, chez ses fabricants, montrait l'hypocrisie des animateurs (et il peut être vu, pour cet aspect là, secondaire, comme une sorte d’ancêtre de Masques, en bien moins méchant, le film étant à la fois de son temps, et se moquant gentiment des institutions de son temps) et le mercantilisme sans vergogne des grands magnats des médias.
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L'histoire est centrée sur Beauregard Bottomley dont la personnalité assez singulière dans l'univers de la comédie, est très bien restituée par l'interprétation calme, sobre et très fine de Colman. Il interprète une sorte de génie dilettante, lunaire et doux mais pas absolument sympathique puisqu'il se montre égocentrique, légèrement hautain, assez dictatorial avec sa sœur, et sa lucidité peut apparaître comme "gentiment" effrayante mais quoiqu’il puisse dire ou faire, sa distinction, sa prestance et son charme font tout passer.
En ce qui concerne l'interprétation de Vincent Price, c'est tout l'inverse. Il en fait des caisses et semble sorti d'un dessin animé. Dans son building au décor futuriste, il n'est disponible que lorsqu'il émerge d'un état végétatif où il doit puiser en lui son génie créatif et dont il ne sort brutalement que pour donner ses directives et sortir quelques bons mots auxquels ses collaborateurs doivent s’esclaffer … avant de retomber en léthargie aussi brutalement qu'il en était sorti… Pour commencer ... A chaque fois qu'il paraît, le film tourne au burlesque et il se montre absolument déchaîné dans un de ces rares rôles de pure comédie. Le contraste avec Colman est étonnant et d’aucuns pourront le trouver parfois déroutant (c'est mon cas)
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Pour empêcher ce dangereux candidat de le mettre sur la paille – ce qui finit d'ailleurs par être l'intention de l'intéressé - il se sert successivement de son animateur vedette, Happy Hogan (Art Linkletter, dans la « vraie » vie, pendant longtemps, animateur d'un jeu télévisé populaire) qui tente d'atteindre Beauregard par sa sœur, une vieille fille que son frère rabaisse fréquemment et dont il doute qu'elle puisse avoir sincèrement séduit l'animateur (1). Puis il lui envoie une froide séductrice (Celeste Holm) …
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Sans aller plus loin dans l'intrigue, quelques trouvailles isolées : l'ouverture assez sexy et drôle durant laquelle le metteur en scène cadre sous toutes les coutures une beauté en maillot de bain couchée sur la pelouse du carré de verdure situé au milieu de la résidence où habitent les Bottomley et où tout le voisinage masculin est montré trouvant n'importe quel prétexte pour être au plus près pour la reluquer … Sauf Beauregard, plongé dans un bouquin. Belle façon d'introduire le personnage.
Plus tard, c'est Albert Einstein en personne qui intervient en direct pour corriger l'erreur commise par l'animateur au sujet de sa théorie de la relativité . Ou encore, on finit par apprendre qui avait appris à Caesar (le perroquet) à jurer … Et accessoirement, il le fait avec la voix de Mel Blanc, puisque c'est lui qui doublait l'animal amateur de champagne. C'est tout ce qu'il y avait derrière ce titre : Champagne For Caesar qui vaut bien le coup d'oeil. Vu ' à peu près ' en vost
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(1) Aspect d'autant plus étonnant que le rôle est tenu par la superbe Barbara Britton

Le mauvais génie du magnat lui suggère une manière radicale d'écarter Beauregard
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