La mélodie du bonheur - Blue Skies - 1946 - Stuart Heisler

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Moonfleet
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La mélodie du bonheur - Blue Skies - 1946 - Stuart Heisler

Message par Moonfleet » 24 mai 2019, 15:40

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La Mélodie du Bonheur de Stuart Heisler (Blue Skies)


Milieu des années 40. Jed Potters (Fred Astaire), ancien danseur devenu journaliste radiophonique, rend hommage dans son émission de ce jour à Irving Berlin au travers sa propre histoire influencée à plusieurs reprises par les chansons du grand compositeur. Retour en 1919 où Jed tomba amoureux de la chorus Girl Mary (Joan Caulfield) rencontré lors d’un numéro sur la chanson ‘A Pretty Girl Is Like a Melody’. Jed invite à diner la charmante jeune femme dans le Night Club tenu par son ex-compagnon d’armes, Johnny (Bing Crosby). Ce sera le début d’un triangle amoureux qui va se décliner sous différentes formes en une vingtaine d’années, Mary s’éprenant de Johnny qui ne partage pas cet amour, s’estimant bien trop instable, volage et égoïste pour se marier avec elle. C’est pourtant ce qui va arriver avec une petite fille à la clé. Mais Jed cherche toujours à la récupérer…

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La Paramount ne s’était pas fait une spécialité de la comédie musicale, et en voyant Blue Skies on comprend pourquoi, se rendant compte du gouffre qui sépare ce ‘Musical’ de ceux que Fred Astaire tourna à la Metro Goldwin Mayer ou même simplement comparativement à ceux bariolés de la Fox de la même époque avec pour têtes d'affiches Alice Faye, Carmen Miranda, Betty Grable, Cesar Romero, Don Ameche ou John Payne. Fred Astaire pensait terminer sa carrière sur ce film et offrir ‘Puttin on the Ritz’ à ses fans comme cadeau d’adieux. Voir dix Fred Astaire danser sur la même scène de Music Hall était une gageure, l’idée était vraiment bonne mais sa mise en scène reflétait déjà une mollesse qui allait d’ailleurs phagocyter tout le reste du film. On rêve de ce qu’en aurait fait Busby Berkeley, Stanley Donen ou Vincente Minnelli. La Mélodie du bonheur -à ne pas confondre avec le chef-d’œuvre de Robert Wise- sera le seul apport de Stuart Heisler au genre, bien plus inspiré lorsqu’il tâtera du film noir (La Clé de verre - Glass Key ; Storm Warning) ou lorsqu’il décidera de signer l’une des parodies de western les plus amusantes qui soit (Le Grand Bill - Along Came Jones).

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Quant à Fred Astaire on se félicitera qu’il n’ait pas tenu parole et qu’il ait encore joué, chanté et dansé dans une vingtaine de films dont, immédiatement après, le délicieux Parade printemps (Easter Parade) de Charles Walters, puis durant les années 50 les tout aussi réjouissants Trois petits mots (Three Little Words) de Richard Thorpe, Tous en scène (The Band Wagon) de Vincente Minnelli ou Papa longues jambes (Daddy Long Legs) de Jean Negulesco… pour n’en citer que quelques uns. Pour en revenir à Blue Skies qui était conçu pour mettre en avant les chansons de Irving Berlin, ce fut le plus gros succès de la Paramount en 1946, le film ayant récolté des recettes égales à trois fois son coût ; l’annonce par Fred Astaire que ce serait à 47 ans son chant du cygne et sa dernière apparition à l’écran a peut-être énormément contribué à ce triomphe public ainsi que la réunion de deux des plus grosses stars de l’époque dans le domaine, Bing Crosby et Fred Astaire étant à nouveau tous deux en têtes d’affiche de ce film après Holiday Inn (L’amour chante et danse) de Mark Sandrich, le Technicolor en plus. Lorsque sur son blog Bertrand Tavernier parlait à son propos d’originalité, de noirceur et d’une Joan Caulfield bien choisie, on se demande s’il n’était pas à ce moment là en manque de comédies musicales ; c'est difficilement compréhensible autrement car le scénario s'avère au contraire d’une indigence totale tout comme l’actrice principale –même si très charmante- se révèle d’une rare fadeur, rendant du coup le triangle amoureux totalement inconsistant, aucune alchimie n’étant parvenu à se créer entre elle et ses deux partenaires qui auront tous deux tournés dans de nombreuses bien meilleures comédies musicales. Quant à la noirceur, ce serait comme chercher une aiguille dans une meule de foin pour la trouver !

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Pour en revenir à l'actrice principale, peut-être qu’en parlant de Joan Caulfield Bertrand Tavernier pensait à Olga San Juan qui en revanche est peut-être effectivement l’une des rares raisons de prendre plaisir à ce film, pétulante et extrêmement sympathique en plus de se révéler très bonne chanteuse. Les autres raisons sont bien évidemment en toute logique quelques numéros musicaux parmi les vingt chansons présentes dans le film dont quatre spécialement écrites pour cette occasion. Même si aucun n’est franchement inoubliable, on notera quand même parmi les relatives réussites et par ordre d’apparitions à l’écran 'A Pretty Girl Is Like a Melody', hommage au Ziegfeld Folies dansé par Fred Astaire, 'You'd Be Surprised' grâce à l’enthousiasme de Olga San Juan, 'I'll See You In Cuba' au cours duquel la jolie chanteuse 'officie' à nouveau mais plus en solo, entamant au contraire un duo avec Bing Crosby, 'A Couple Of Song And Dance Men', la meilleures séquence du film, seul moment ou Astaire et Crosby sont réunis pour un numéro qui plus est s'avère très amusant, le fameux 'Puttin' on the Ritz' déjà décrit plus haut et enfin la berceuse '(Running Around In Circles) Getting Nowhere', chanson composée spécialement pour le film et interprétée par Bing Crosby à une petite fille. En revanche la chanson titre est filmée d’une façon totalement mollassonne tout comme ce qui semblait devoir être l’apothéose du film, 'Heat Wave' mis en place dans un fastueux décor sud américain qui fait à postériori pale figure en comparaison de ceux similaires des géniaux Le Pirate ainsi que Yolanda et le voleur, tous deux signés Vincente Minnelli. Quant au sketch d'un Billy de Wolfe en roue libre, ‘Mrs. Murgatroyd’, il est aussi interminable qu’éprouvant et laborieux à tel point que nous préfèrerons jeter dessus un voile pudique.

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Malgré un ensemble aussi peu captivant que terne, une comédie musicale très moyenne, sans ampleur ni charme mais qui devrait quand même pouvoir combler beaucoup d’amateurs du genre par la réunion de deux de ses plus grandes célébrités ainsi que pour quelques numéros musicaux certes réalisés sans grande idée mais portés par le talent des deux acteurs principaux, du chorégraphe Hermes Pan, du compositeur Irving Berlin ainsi que des chefs opérateurs Charles Lang et William E. Snyder qui nous offrent un bel écrin 'technicolorisé'.
Source : DVDclassik

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