Le souvenir de vos lèvres - This Time for Keeps - 1947 - Richard Thorpe

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Moonfleet
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Le souvenir de vos lèvres - This Time for Keeps - 1947 - Richard Thorpe

Message par Moonfleet » 24 mai 2019, 10:35

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This Time for Keeps (1947) de Richard Thorpe

A sa démobilisation, le soldat Dick Johnson (Johnnie Johnston) va retrouver son père, célèbre chanteur lyrique (Lauritz Melchior) qui lui demande avec insistance de travailler à ses côtés dans sa compagnie d’opéra ; mais Dick n’en a plus envie, pas plus que d’épouser sa fiancée depuis qu’il vient de retrouver Nora (Esther Williams), une sculpturale jeune femme qu’il avait rencontrée sur le front lors d’un spectacle donné pour redonner moral aux troupes. Dick fréquente désormais plus assidument les salles de spectacle où Nora se produit en tant que danseuse aquatique ; elle est managée par le pianiste Ferdi (Jimmy Durante) qui a toujours été secrètement amoureux de sa vedette et qui voit d’un mauvais œil Dick venir se faire embaucher dans le show pour y participer en tant que chanteur. Nora invite Dick à un séjour à Mackinac Island dans le Michigan au cours duquel elle lui présente sa grand-mère et sa nièce. C’est là qu’elle apprend que Dick est déjà fiancé…

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Troisième des quatre comédies musicales que l’actrice/nageuse Esther Williams tourna sous la direction du prolifique Richard Thorpe, il pourrait s’agir de la plus faible du lot ; This Time for Keeps manque en effet de la fantaisie qui faisait le charme de Thrill of a romance, d'une intrigue rondement menée comme celle de Fiesta ou de l'exotisme coloré du titre qui sera le suivant au sein de la filmographie de la comédienne, On an Island with you. Ceci étant dit, les amateurs du genre auront sans aucun doute matière à y trouver du plaisir puisque entre autre le talent et l’efficacité des équipes techniques de la MGM est toujours bien au rendez-vous. Comme pour quasiment tous les films de ce genre - avant tout tournés vers le divertissement pur et dur -, le pitch est très simple puisqu’il s’agit d’une histoire d’amour entre un G.I. démobilisé et une star de ballet aquatique alors que le premier est déjà fiancée et qu’il ne l’a pas avoué de suite à sa nouvelle conquête. L’autre piste ‘dramatique’ tourne autour des relations entre le jeune soldat et son père, ce dernier ayant un plan de carrière tout tracé pour son fils que ce dernier ne souhaite pas suivre, pas plus du point de vue professionnel que sentimental.

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Contrairement à Fiesta qui, au grand dam des aficionados, en était très avare, This Time of Keeps est une comédie musicale qui regorge de numéros dansés, chantés ou … nagés, d’ailleurs plus ou moins enthousiasmants ; concernant les ‘à-côtés’, il faut bien avouer que l’on se retrouve devant une romance non seulement banale mais également peu convaincante et sans saveur par le fait d'un manque total d'alchimie entre les deux comédiens. Il faut dire que le jeune premier Johnnie Johston, même s'il possède une belle voix – il interprète d’ailleurs ici une belle version de ‘Easy to Love’ de Cole Porter -, est loin de posséder le charisme ou ne serait-ce que le capital de sympathie que trainent derrière eux les autres partenaires privilégiés d’Esther Williams, que ce soit Van Johnson, Ricardo Montalban, Howard Keel ou même Peter Lawford. La carrière cinématographique de ce chanteur de Night Club sera d’ailleurs assez brève… et pour cause ! Dans son rôle de figure paternel un peu envahissante, le ténor Lauritz Melchior n'est pas aussi attachant ni aussi drôle que dans Thrill of a Romance alors que l’on est ravi de retrouver la vieille dame de Une femme disparait d’Alfred Hitchcock, May Whitty, qui mourut l’année suivante.

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Quant au programme musical, il est assez inégal. On retiendra cependant les numéros souvent très amusants mettant en scène Jimmy Durante et sa bonhomie coutumière, ce dernier ayant lui-même écrit ses chansons dans un style qui lui est bien propre, mélange de couplets sous forme de monologue parlés et de refrains en revanche mélodiques. Outre donc les sympathiques ‘A Little Bit This and a Little Bit That’, ‘Inka Dinka Doo’ ainsi et surtout que ‘I'm the Guy That Found the Lost Chord’, l’on peut également trouver d’autres moments assez réjouissants comme la séquence qui réunit Johnnie Johnston, Esther Williams et la jeune et talentueuse Sharon McManus (la petite fille qui dansait avec Gene Kelly dans Escale à Hollywood – Anchors Aweigh), ‘S'nNo Wonder They Fell in Love’ de Sammy Fain, chantée lors d’une ballade en traineau dans les magnifiques paysages de l’île de Mackinac dans le Michigan, lieu que les adorateurs du film culte Quelque part dans la temps (Somewhere in time) de Jeannot Szwarc connaissent bien, ce mélodrame fantastique y déroulant toute son intrigue. Alors que dans ce dernier film on ne voyait ces paysages que le temps d’une saison, celui de Thorpe permet d’en découvrir les beautés sous la neige et sous le soleil estival. Enfin, pour les amateurs d’anecdotes, sachez que la piscine du Grand Hôtel se situant sur cette île porte le nom d’Esther Williams suite au tournage des séquences nautiques sur place.

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Alors qu’Esther Williams prouve une nouvelle fois qu’elle était une plongeuse et une nageuse hors-pair en plus d’être une femme à la beauté sculpturale, le numéro aquatique signé Stanley Donen est loin d'atteindre les sommets de ceux qu’ont dirigés ou dirigeront Busby Berkeley, Robert Alton ou Jack Donohue dans les autres films où elle évoluera, à commencer par ceux extrêmement spectaculaires que l'on trouve Bathing Beauties (Le Bal des Sirènes) ; peut-être à cause de l’état de la comédienne qui était enceinte lors du tournage du film de Thorpe ?! Malgré la minceur d’un ensemble routinier et sage, le petit charme désuet qui se dégage du film fait que l’on ne s'y ennuie pas grâce aussi à la compétence - sans génie - du réalisateur, aux talents des équipes de la MGM, à un bébé assez inénarrable, au mignon chihuahua de Xavier Cugat, et enfin à un Technicolor qui ravit toujours autant les yeux. A réserver néanmoins à des spectateurs ‘avertis’, amateurs de guimauve !
Source : DVDclassik

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