No no Nanette - Tea for Two - 1950 - David Butler

Liste des films critiqués
Répondre
Avatar du membre
Moonfleet
Messages : 171
Enregistré le : 23 mai 2019, 11:24
Contact :

No no Nanette - Tea for Two - 1950 - David Butler

Message par Moonfleet » 24 mai 2019, 09:13

05
Image


NO NO NANETTE (Tea for Two)

Réalisation : David Butler
Avec Doris Day, Gordon McRae, Gene Nelson, Eve Arden
Scénario : Harry Clork
Photographie : Wilfred M. Cline
Musique : sous la direction e Ray Heindorf
Une production Warner Bros.
USA - 97 mn - 1950


Image


1929. Pour obtenir l'argent d'un spectacle devant se monter sur Broadway pour lequel le metteur en scène (Billy DeWolfe) lui promet qu’elle en sera la vedette, Nanette (Doris Day) fait un pari stupide avec son tuteur, Oncle Max, (S.Z. Sakall), un millionnaire dont elle ne sait pas qu'il vient d'être ruiné lors du Krach de Wall Street. Elle devra dire non à toutes questions durant 48 heures y compris à Jimmy (Gordon McRae), le compositeur de la comédie musicale à venir, lorsque ce dernier lui fera sa demande en mariage. Oncle Max espère fortement que Nanette ne pourra pas arriver à tenir son pari car dans le cas contraire il serait dans l’obligation de lui avouer sa catastrophique situation financière et dans l'impossibilité de tenir sa promesse de lui verser 25.000 dollars. Il va donc employer toutes les ruses et tous les coups bas pour la faire craquer en commençant par lui mettre un chaperon (Eve Arden) dans les pattes pour surveiller ses éventuels ‘écarts de langage’. Ce dont Nanette ne se doute pas non plus est que le metteur en scène espère mettre en tête d’affiche sa fiancée du moment (Patrice Wymore). Quasiment certaine d'obtenir l'aide financière voulue pour monter le spectacle ‘Tea for Two’, Nanette invite toute la troupe à venir répéter dans l’imposante villa de son oncle…

Image

Devoir ne répondre que par NON à toutes les questions qu’on lui posera durant 48 heures, voici le postulat principal de l’intrigue de cette 4ème comédie musicale que Doris Day tourna pour la Warner. Certes, cette idée de départ est aussi idiote que le pari du film, mais tout ceci est évidemment sans conséquences car David Butler -qui venait déjà de tourner avec l’actrice en début d’année la très amusante mise en abimes du petit monde hollywoodien avec It’s a Great Feeling, leur collaboration allant encore se poursuivre à deux reprises- réalise un spectacle musical sans aucune autre prétention que de nous divertir ; et il y parvient sans problèmes ! Il s’agit d’une libre adaptation d’une opérette américaine des années 20, No no Nanette! composée par Vincent Youmans (musique) et Otto A. Harbach (livret) qui fut l’une des rares de l’époque à obtenir un franc succès dans notre pays ; d’où probablement l’idée de retenir son titre par le distributeur français alors que les producteurs américains optèrent pour Tea for Two, le nom du spectacle à l’intérieur du film, également le titre de l’une des chansons originales de l’opérette et qui rappelle surtout dans l’hexagone un certain célèbre film avec Louis de Funès et Bourvil, bien évidemment La Grande vadrouille lors de la fameuse séquence du bain turc.

Image

"Divertir avant tout" ; telle semble avoir été la volonté première pour ce film comme d’ailleurs pour la plupart des comédies musicales de l’époque ! Et pour le coup, à condition évidemment d’apprécier le genre, ses ingrédients constitutifs et autres clichés lui étant attachés, David Butler et les équipes de la Warner y arrivent à merveille, Tea for Two étant certainement l’une des plus réjouissantes comédies musicales que Doris Day tournera pour le studio au cours de sa première partie de carrière et dans le même temps certainement l'un des films les plus enjoués du cinéaste, juste derrière son trépidant Calamity Jane (La Blonde du far-West), probablement aujourd’hui encore son film le plus connu. D’ailleurs si le nom de David Butler ne dira probablement pas grand-chose à une grande majorité de cinéphiles, rappelons-nous que notamment ces deux films furent parmi les plus gros succès des années 50 pour le studio. Autant dire que Doris Day fut une véritable poule aux œufs d’or pour la Warner durant environ pas moins de sept ans. Comparativement à ses films précédents, l’ex chanteuse de Big Band semble avoir acquit ici une aisance encore plus grande et son jeu s’avère d’un naturel confondant qui tranche un peu avec celui des autres actrices des ‘Musicals’ de l’époque. Une fraicheur loin du cabotinage dont elle se fera une autre spécialité par la suite comme dans Calamity Jane justement, se montrant ainsi capable d’un film à l’autre de passer d’un jeu tout à fait spontané à des excès jubilatoires.

Image

Même si elle se retrouve pour la première fois tout en haut de l’affiche, la comédienne ne cherche jamais à tirer la couverture à elle et du coup, sans que ça n'enlève rien à ses talents, l’on se souviendra au final bien plus que d'elle certains seconds rôles dont deux plus particulièrement : Eve Arden (que l’on retrouvera plus tard dans Grease où elle tiendra le rôle de la directrice du lycée), le chaperon désabusé, sarcastique et pince sans rire aux punchlines saignantes, ainsi que Billy De Wolfe, cabotin à souhait et souvent hilarant, sorte de mélange entre Red Skelton et Ernie Kovacs ; il faut l’avoir vu danser le charleston ou imiter un serpent avec ses mains pour s'en rendre compte. On retrouve également aux côtés de Doris Day trois autres comédiens qui auront été ou seront ses partenaires à multiples reprises : Gordon McRae et sa belle voix de baryton qui fait un peu oublier la grande fadeur de son jeu d’acteur ; Gene Nelson qui prouve une nouvelle fois qu’à la MGM et avec un meilleur agent, il aurait très bien pu rivaliser sur le plan acrobatique avec Gene Kelly (son numéro de claquette avec Doris Day, sa danse sur un tambour géant et celle sur l’escalier sont toutes des séquences assez étonnantes) ; et enfin S.Z. Sakall dont le numéro de vieil oncle débonnaire mais bien vite débordé est désormais parfaitement rodé. Tea for Two marquera également la première apparition à l’écran de l’a future Mme Errol Flynn, Patrice Wymore, qui tient le rôle de la rivale sur scène de Doris Day et qui fait preuve de beaucoup de vitalité notamment lors de son numéro dansé. Les amateurs de Doris Day auront aussi avec étonnement pu constater pour la première fois ses talents pour la danse, sa première passion avant qu’un grave accident de voiture durant sa jeunesse lui fasse oublier ses prétentions au profit de la chanson. Personne n’y aura perdu au change car si son numéro de claquettes est formidable, rien qui ne vaille les moments où elle entonne les airs les plus variés, romantiques ou enlevés.

Image

Au programme musical, avec en majorité la voix suave et chaleureuse de Doris Day ainsi que celle belle et grave de Gordon McRae, des chansons très agréables soit issues de l’opérette d’origine écrite par Vincent Youmans (‘Tea for Two’, ‘I Want to be Happy’, The Call of the Sea’ et bien évidemment ‘No no Nanette’), soit puisées dans les standards de l’époque signés George Gershwin (‘Do Do Do’), Joseph Meyer (‘Crazy Rhythm’) ou Harry Warren (le célèbre ‘I Only Have Eyes For You’, écrit expressément en 1934 pour le film Dames chorégraphié par Busby Berkeley et -le hasard faisant bien les choses- le titre phare du dernier chef-d’œuvre de Woody Allen, Cafe Society). Les chorégraphies de Leroy Prinz ne manquent pas de tonus, notamment lors de morceaux spectaculairement acrobatiques tels ‘Oh me oh My !’, l’athlétique et éblouissant numéro de Gene Nelson faisant des claquettes sur un escalier avant de finir par le descendre sur la rampe, ‘I Know that you Know’, superbe duo de claquettes Doris Day/Gene Nelson, ou encore l’exotique ‘Crazy Rhythm’ au cours duquel Gene Nelson danse comme un beau diable sur un tambour géant bientôt rejoint par une charmante et sensuelle Patrice Wymore.

Image

Même si certains gags s’avèrent lourds et (ou) répétitifs, même si le scénario n’est pas d’une grande finesse, même si David Butler ne peut se targuer d’être un très bon réalisateur, un musical malgré tout d’assez bonne facture et qui se suit sans ennui d'autant que le rythme est très rapide et que les amusants dialogues fusent eux aussi à grande vitesse. A condition de ne pas chercher autre chose que la danse, le rire et les chansons, le tout en Technicolor, on peut passer un excellent moment à la vision de ce spectacle au charme suranné. A l’image de sa vedette principale, une comédie musicale allègre, charmante et énergique qui rappelle un peu le très amusant Summer Stock (La Jolie Fermière) de Charles Walters avec Judy Garland et Gene Kelly dans la manière qu’a une importante troupe théâtrale d’investir un lieu inhabituel pour ses répétitions (ici une imposante demeure, là une ferme). Certes pas mémorable mais fortement distrayant !
Source : DVDclassik

Répondre