[06/03/2019] Les Morfalous (Studiocanal)

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pak
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[06/03/2019] Les Morfalous (Studiocanal)

Message par pak » 17 mars 2019, 19:18

Parmi les nombreuses rééditions en Blu-ray du catalogue Studiocanal, uniquement disponibles dans une enseigne, dans les bacs depuis le 6 mars, se trouve le film d'Henri Verneuil, Les Morfalous, sorte de version franchouillarde et tardive du film américain De l'or pour les braves, les moyens en moins, mais Audiard en plus.

Bon, 1984, c'est le début de la pente descendante pour Bébel, l'année du ridicule Joyeuses Pâques, qui sera suivi par l'échec relatif de Hold-Up. Attention, ce n'est pas encore la débâcle. Le label Bébel fonctionne encore, surtout en Province, ce qui fait que ses films dépassent les deux millions d'entrées (et même trois pour Joyeuses Pâques et Les Morfalous), score encore très enviable par ses concurrents. Mais en 1987, le policier Le Solitaire n'atteint pas le million, une première pour la star depuis 1962 et Cartouche (si l'on excepte l'italien La Mer à boire en 1964, mais qui fera dans les 1,5 millions d'entrées en Italie, ça relativise).

L'année suivante, Itinéraire d'un enfant gâté de Lelouch, dans un autre registre que l'action, lui fait renouer avec le succès, mais ce n'est qu'une exception que ses films suivant ne confirmeront pas. Heureusement le théâtre n'attendait plus que lui, où il triomphera.

Tout ça pour dire que la formule Bébel est sur le déclin, c'est la fin d'une époque. Les années 1980 voient aussi le bout du parcours des cinéastes qui ont résisté à la Nouvelle Vague pour continuer à faire du cinéma dit populaire. Verneuil, Lautner, Deray, Giovanni, Labro... n'auront pas de descendance, les années 1990 ouvrant la porte aux réalisateurs sortis d'écoles de cinéma où ils auront appris à se filmer le nombril. Les années 1980, c'est l'agonie du cinéma de genre français qui était déjà moribond.

Alors certes Les Morfalous n'est pas sans défauts : une fois Bébél enfermé dans son tank, ça mouline un peu dans le vide, et le (très bon) casting est trop vite sacrifié à la gloire de sa star qui doit monopoliser l'écran. Mais c'est excellemment joué, très bien réalisé (l'ouverture à une pêche et une efficacité qui rappelle combien Verneuil a bien retenu les leçons de ses aventures américaines), avec quelques réparties rigolotes de Michel Audiard, et le tout est gentiment amoral, ce qui est rafraichissant.

Certes, on est loin du sérieux de Week-end à Zuydcoote, déjà d'Henri Verneuil, seule autre vraie incursion dans le film de guerre de Belmondo (avec aussi Paris brule-t-il ? au casting multiple, et taisons gentiment L'As des as), ou de la réussite de Cent mille dollars au soleil auquel on peut penser (équation Bébél + Verneuil + Audiard + Désert + Poids lourd, on imagine que ça a dû leur évoquer quelques souvenirs). Mais on passe un agréable moment devant ce spectacle qui ne se pend pas au sérieux et mis en boite par de vieux briscards du divertissement. Il est pourtant certain que la nostalgie aidera à apprécier, cet effet étant absent en cas de découverte (en ce cas, soyez indulgents... :wink: ).


L'édition DVD de 2000 de Studiocanal avait une interview d'Henri Verneuil, non reconduite ici (c'est pourtant le même éditeur bordel ! ).


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Dans la guerre, il y a une chose attractive : c'est le défilé de la victoire. L'emmerdant c'est avant...

Michel Audiard

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