L'un des meilleurs films des années 30 de Allan Dwan que j'ai vu jusque là. Il est divisé en deux parties. La première, à Londres puis dans la campagne anglaise, la seconde sur le front français. C'est un mélodrame guerrier visuellement splendide qui propose une variation sur le thème du triangle amoureux dans le contexte de la guerre. L'intrigue présente quelques similitudes avec celle de Hell's Angels (1930). Deux frères très liés, un sérieux et romantique, l'autre séducteur et insouciant, tombent amoureux de la même femme. Les scènes le plus réussies sont celles qui précèdent le grand bal donné par la mère de Jack et Tom pour fêter leur retour, et le bal lui-même qui s'achève assez brutalement par le télégramme ordonnant leur départ pour le front. C'est au cours de cette parenthèse, entre la fin de leur instruction et le départ à la guerre, que dans un instant très court se déroulent en accéléré les événements qui vont bouleverser les personnalités et qui vont par conséquent bousculer les sentiments éprouvés par Tom, Jack et Molly.
Leurs retrouvailles ne sont pas vécues de la même façon par les 3 jeunes amis. Tom retrouve celle qu'il n'a jamais cessé d'aimer. Jack trouve Molly à son gout mais elle n'est d'abord qu'une jolie fille comme une autre. Quant à la jeune femme, elle semble un peu perdue entre Tom, un jeune garçon charmant et naïf, simple et rempli de certitude et le second qui, au contact de la jeune femme, va montrer qu'au delà de son charme et de sa personnalité plus brillante, il est aussi plus profond qu'il n'y paraissait. Molly va être bousculée par les sentiments qu'elle suscite mais elle va d'abord repousser gentiment Jack. Car ignorant tout de l'amour de son frère pour Molly, celui qui a le plus d'expérience de ce type de jeu, va tenter de devancer son frère et tenter de la séduire. Le lendemain de leurs retrouvailles, il profite d'une sortie au bord de la mer pour tenter de se rapprocher d'elle mais elle esquive ses tentatives. Plus tard, en marge du grand bal donné par sa mère, à l'évidence, les deux jeunes gens semblent se rapprocher mais plus tard, lorsque Jack va apprendre de sa mère les projets de son frère, épouser celle qu'il n'avait jamais cessé secrètement d'aimer, Jack va s'effacer. Pour donner le change, il va même tenter de rétablir son image de playboy lorsque, se sachant observé par Molly, il va flirter avec Sylvia, une autre invitée.
Pour susciter sa jalousie ? Même pas sûr, tant ces personnages se respectent malgré une situation potentiellement explosive. Le rôle tenu par la jeune femme est relativement moderne. On comprend son attachement profond pour un jeune homme sérieux et fou d'elle mais aussi son attirance, qu'elle ne parvient pas à comprendre, pour un jeune homme en apparence léger mais qui s'est sincèrement épris d'elle. Malgré la grande honnêteté et le respect éprouvé pour les deux autres, chacun garde ses doutes et sa part de mystère. Molly lorsqu'elle accepte la proposition de mariage de Tom, se sait aussi attirée par Jack et c'est la guerre qui frappant brutalement à la porte -puisque c'est cette nuit là qu'arrive le télégramme contenant l'ordre de mobilisation des deux frères- qui va décider pour eux et les séparer provisoirement mais en sachant que la séparation peut être définitive dans un tel contexte.
La seconde partie rappelle qu'on peut faire de bonnes choses, même dans le cinéma d'action, avec un petit budget. Il est évident que Dwan avait moins d'argent que n'en avait eu Milestone pour À l'Ouest, rien de nouveau (1930), mais sans égaler ce classique, les scènes guerrières sont très réussies, notamment une spectaculaire charge de cavalerie dans le brouillard qui évoque davantage des conflits antérieurs que les images de la première guerre mondiale habituellement filmées. J'en reste là concernant l'évolution de la situation de nos trois personnages. On anticipe certaines choses : la permission de l'un ou de l'autre ? Molly, engagée elle aussi dans la guerre ou pas ? Allan Dwan ose l'humour dans un sujet s'y prêtant peu mais il est exclusivement présent à travers quelques personnages secondaires de la partie Londonienne et plus globalement anglaise du récit. Évidemment, par la suite…
Le seul souci relatif est du au casting assez inégal. La quasi débutante Rose Hobart, qui fait penser un peu à Norma Shearer, ne la vaut pas et Anthony Bushell (Tom) est aussi par moment un peu léger pour un tel film mais ça n'empêche pas ce film d'être très recommandable. Vu en vo
Le couple vedette :