Behind locked doors - L'antre de la Folie - Budd Boetticher - 1948

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wintergreen
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Behind locked doors - L'antre de la Folie - Budd Boetticher - 1948

Message par wintergreen » 18 févr. 2010, 18:04

Bonne surprise que ce petit polar à propos duquel j’était plutôt réticent, en raison de mon aversion pour les films d’asile psychiatrique.
Ici, pas de voyeurisme outrancier et racoleur sur les crises de démences d’aliénés, et autres détraqués psychologiques internés dans l’asile La Siesta qui, hormis le brute épaisse The Champ (incarné par l’acteur fétiche d’Ed Wood : Thor Johnson) n’abrite finalement que des patient souffrants de troubles psychologiques relativement légers. C’est plutôt une clinique de repos.

L’intrigue, simple et linéaire, assure une bonne lisibilité à l’ensemble : Ross Stewart (Richard Carlson) vient à peine de s’installer comme détective privé au moment ou il est sollicité par sa premiere cliente, la journaliste Kathy Lawrence (Lucille Bremer), pour retrouver la trace de l’ex juge marron Finlay Drake (Herbert Hayes) en fuite et recherché par la police.
Kathy Lawrence soupçonne le juge d’être planqué dans la clinique La Siesta du Dr. Clifford Porter (Thomas Browne henry). Elle propose a Ross Stewart de se faire passer pour son mari dépressif et de se faire interner pour démasquer le fameux juge. A la clé 10 000 $ de récompenses à diviser par 2.

Tous les atouts sont réunis pour faire de ce suspense de 62 minutes un excellent divertissement.
Tout d’abord un script efficace, tendu, sans temps morts, concocté par le duo Malvin Wald /Eugène Ling (ce dernier est également producteur). Aucune digression inutile ne vient freiner le but ultime de la mission et les péripéties s’enchaînent à la vitesse grand V, portées par des dialogues rapides, vif et concis.
En s’appuyant sur des retournements de situations habiles et des idées astucieuses, les nombreux rebondissements s’emboîtent logiquement dans le récit, qu’ils contribuent à booster.
L’histoire se permet quelques appartées vaudevillesques avec la romance semée d’embûches entre la journaliste et le détective, qui offre son lot de situation comiques et de réparties vachardes. La complicité teintée d’humour, de leur relation rappelle celle du couple de Bodyguard de R. Fleischer .
On aborde également des considérations humanistes avec la dénonciation des conditions d’hébergement quasi carcérales propres à ce genre d’établissement, mais sans pathos redondant ou exagéré.

Les acteurs sont bons et les stéréotypes inhérents à ce genre d'histoire (le sadique de service; le bon gars, complice des méchants, que les remords vont finalement pousser dans le camp des braves..), sont dépeints avec justesse et simplicité.

Autre atout et non des moindres, la superbe photo noir et blanc de Guy Roe donne au film une belle esthétique nocturne, inquiétante, proche de celle des films d'épouvante classiques et renforce l'ambiance claustrophobique et sadique de l'asile.
La mise en scène de Boetticher, sobre, efficace, inventive et toujours surprenante par le choix de certains plans, finissent de nous convaincre que l’on a affaire à une belle petite série B qui n'a pas vieillie d'un poil, mise en valeur par les longs commentaires éclairés et éclairants de Bertrand Tavernier.

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Cole Armin
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Re: Behind locked doors - L'antre de la Folie - Budd Boetticher - 1948

Message par Cole Armin » 29 mars 2010, 20:53

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Behind locked doors est l'un des premiers films du réalisateur Budd Boetticher. Il se situe dans un corpus de films noirs peu avant son premier western en 1949. Ce film est annonciateur du talent du réalisateur avec une réalisation épurée.
La photographie est excellente avec des jeux d'ombres. Le jeu des acteurs est convaincant. Richard Carlson trouve un rôle sur mesure (avant de devenir réalisateur de 2 westerns).

Le scénario inspirera Samuel Fuller en 1963 avec Shock Corridor dans lequel un journaliste s'introduit dans un asile pour trouver un meurtrier et récolter le prix Pullitzer. Les asiles furent le sujet d'un certain nombre de films noirs (certes moins que les prisons) tels que Shock ou La Fosse aux serpents (The Snake Pit) 1948.
Un autre film à aborder le journalisme : Beyond the Reasonable Doubt où Dana Andrews où un journaliste se rend coupable pour dénoncer la peine de mort.

Un film tout à fait intéressant.

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Moonfleet
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Re: Behind locked doors - L'antre de la Folie - Budd Boetticher - 1948

Message par Moonfleet » 06 juin 2019, 07:45

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L'antre de la folie (Behind Locked Doors) 1948

Une séduisante journaliste en mal de scoop (Lucille Bremer) vient trouver un jeune détective privé inexpérimenté (Richard Carlson) ; elle souhaite qu’il s’infiltre dans une clinique psychiatrique privée qu’elle soupçonne abriter un magistrat véreux dont la tête est mise à prix et qui s’est volatilisé dans la nature. Pas insensible au charme de la jeune reporter, il accepte de se faire passer pour son époux maniaco-dépressif et ainsi de se faire interner. Dans la place, il découvre une réalité peu reluisante : un intendant sadique, un catcheur fou à qui on jette les malades ‘à mater’, un directeur en cheville avec des hommes peu recommandables, des patients molestés avec bestialité… "Tu est venu pour te faire soigner. Tu as plus de chance de te faire tuer"...

"Behind Locked Doors" n’est rien d’autre qu’un petit film de série fauché un peu plus malin et plaisant que la moyenne de par son idée de départ, la qualité de l’interprétation d’ensemble, la photographie contrasté de Guy Roe et une volonté de sécheresse et de sobriété dans la mise en scène qui annonce les futurs chefs-d’œuvre du cinéaste. Déjà ici, point de graisse, pas un plan de trop ; l’on file à l’essentiel en à peine 61 minutes !

Le premier quart d’heure se révèle même formidable avec les premiers plans de filature nocturne, la présentation du détective roublard et enfin sa rencontre avec Lucille Bremer qui semble être un hommage au "Faucon Maltais" de John Huston qui aurait été dialogué comme une ‘Screwball Comedy’. Les relations qui se tissent entre les deux personnages sont d’ailleurs peut-être l’élément le plus intéressant du film ; les dialogues fusent, les sous entendus sont de la partie et la complicité entre les deux comédiens emporte l’adhésion. La partie purement suspense et policière qui s’ensuit perd un peu de ce charme car elle se révèle finalement bien plus banale que ce à quoi on pouvait s’attendre après un tel démarrage ; cependant, il serait faux de dire qu’on s’y ennuie tellement Boetticher tient son intrigue bien serrée et conduit l’ensemble de main de maître, ne lésinant pas sur la brutalité de quelques scènes de violence pour relancer la machine qui n’a ainsi pas le temps de se reposer.

Aux côtés de Lucille Bremer, on trouve donc Richard Carlson qui se sort très bien et avec beaucoup d’humour de son rôle de détective novice. On rencontre aussi un Douglas Fowley inquiétant et enfin l’un des comédiens fétiches d’Ed Wood, le catcheur Tor Johnson lui aussi plutôt angoissant d’autant que Boetticher le filme dans sa cellule sous des angles assez inhabituels afin de renforcer une atmosphère assez étouffante créée par l’utilisation judicieuse par Guy Roe des ombres et clairs obscurs. Un suspense loin d’être inoubliable mais qui vous fera facilement passer un agréable moment et qui possède en germe les qualités les plus fameuses de la mise en scène de Budd Boetticher : sobriété, efficacité, tonicité. Vite et bien troussé même si franchement pas très crédible tout en étant dans le même temps assez prévisible quant à ses retournements de situations.
Source : DVDclassik

Stark
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Re: Behind locked doors - L'antre de la Folie - Budd Boetticher - 1948

Message par Stark » 12 juin 2019, 10:01

Ca a du être déjà dit, Boetticher se prénomme Oscar jusqu'en 1950, avant devenir Budd dès le poignant "la Dame et le torréador" (pour ceux qui supportent ce genre si particulier qu'est le mélo tauromachique). A voir également d'Oscar Boetticher : Assigned to danger, Escape in the fog, et surtout "the Missing juror". Du polar 40's rapide, sec, précis, aucun plan gratuit. Boetticher gardera ce style série B dans les années 50 dans le western et ne tournera jamais de grande production. Il avait pourtant un peu le même parcours qu'Anthony Mann, polar années 40, western années 50, mais sans montée en puissance.

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