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La personnalité écrasante des pères peut être problématique pour l'éclosion de celles de leurs fils. Certes … Celui de Jimmy est un homme diminué, en lutte avec une poignée d'hommes contre la pègre qui tient les quais et donc qui a un but, un combat à mener, contrairement à un fils paraissant, sans idéal, sans but affiché, ou qui n'a pas encore découvert ses propres buts et combats mais qui en tout cas ne peux pas partager ceux d'un père acariâtre, revanchard et paraissant faible car physiquement brisé. Peut-être que le handicap du père renvoie aux blessures de guerre, physiques ou psychologiques, des pères réels - ou de cinéma- de cette génération là … Contrairement à son père qui ne fait que le sermonner, Jimmy est mis en valeur par Brindo qui reconnait ses mérites et cet homme fort représente probablement à ses yeux la réussite, la puissance, la virilité et la domination.
Il y avait là quelques idées mais la " mise en image ", l'essentiel des développements scénaristiques et le jeu des interprètes gâchent ces quelques velléités. En cours de route, on découvre que si le père Smigelsky se montre incapable de s'entendre avec son fils c'est parce qu' il lui en voudrait car c'est pour subvenir aux besoins de la famille quand Jimmy est né qu'il aurait accepter un emploi sur les quais et qu'il y fut violement battu par des hommes de main des racketteurs terrorisant les dockers. Il serait alcoolique encore, on comprendrait, mais même pas ! C'est par maman Smigelsky qu'on découvre l'ampleur de la haine du père et ces quelques dialogues entre les parents sont d'une pénibilité rare avec une mère implorante et un père fronçant les sourcils et ayant presque systématiquement la cane levée près à en mettre un coup. La mère, interprétée par Celia Lovsky, dans un copié collé de son rôle de la mère de Broderick Crawford dans New-York Confidential, est exaspérante. Quant à Edgar Barrier (le père) il est à peine plus supportable.
Mais c'est presque tous les interprètes qui donnent l'impression de ne pas avoir été dirigé, hypothèse plausible quand on a un peu fréquenté Fred F. Sears mais, à sa décharge, j'ajoute qu'une fois de plus il avait un budget royal … et 10 jours de tournage. La plupart en font juste un peu trop : Lovsky, Barrier … et aussi Michael Granger (Brindo) dont la façon de sourire quasi unique fait de lui l'un des plus marquants des salopards souriants (dans ce tout petit créneau là, il bat à l'aise Larry Hagman). Il a rarement été à pareilles fêtes car souvent il était moins haut sur l'affiche ( sauf dans quelques polars dont 3 fois pour Fred F. Sears et presque toujours en chef mafieux, y compris dans le film présenté hier, Cellule 2455 … mais il ne tenait qu'un tout petit rôle dans celui là ). Inutile de dire que son second, interprété par le phénomène Timothy Carey, n'est pas plus sobre (photos à suivre à l'appui de mes dires).
Par contre, chez les jeunes, c'est le contraire. Ils sont plus ternes les uns que les autres, à commencer par James Darren (Jimmy), pas vraiment crédible en chef de gang puisque la violence intrinsèque qu'il dégage le prédisposait davantage à tenir la tète d'affiche de Flipper le dauphin (1). Même "ternitude" de sa petite amie Della (Laurie Carroll) et, de façon plus surprenante, de son second, Chuck (Robert Blake). Plus largement, c'est tout l'aspect " guerre des gangs" qui est sans intérêt. A Hollywood, les scénaristes n'ont pas du avoir beaucoup de gangs authentiques sous les yeux alors c'est simple : Il y a d'un coté, les très bons - les Diggers- qui dialoguent entre eux et avec les adultes, qui vont au bal, qui tombent amoureux, qui font des trucs de jeunes quoi …et de l' autre, les - Stompers- très méchants qui ne font qu'attaquer les précédents et qui n'ont pas 5 lignes de dialogue en tout (leur chef est interprété par Dan Terranova, second rôle de films de la même famille dont Graine de violence). Leurs rencontres sont croquignolesques en raison des bagarres mal réglées et des "excentricités" de Wimpy, un des Diggers qui fait un peu trop bien le barjo (avec un couteau puis un revolver).
Aux parents inquiets pour leur progéniture, Rumble on the Docks apportait du réconfort. Pour guérir de ses tourments, il faut respecter père et mère, se trouver une petite amie pieuse qui vous recommande de fréquenter la paroisse, de rencontrer un éducateur de "Reform School" compréhensif et de se mettre au boulot, de préférence un job bien crevant qui fait que le soir venu, t'as pas envie de lire l'huma (en l'occurrence, évidemment, c'est sur les docks qu'il convient de suer). Parents … Vous pouvez autoriser vos ados difficiles à voir ce film. Aucune chance qu'ils ressortent les chaines de vélo, les nerfs de bœuf ou les crans d'arrêt (roooo … mais c'est des équipements des années 50 ça). Même à la sortie, en dépit de la cible visée, le véritable public de ce film, ce n'était pas les d'jeunes mais leurs parents. Alors en 2019 …
PS : Juste avant le happy end général, on nous inflige même une des scènes d'action les plus grotesques du genre (Durant ce règlement de comptes final, le père Smigelsky, malgré sa claudication, réussit à surprendre des affreux vraiment distraits et attaque leur chef à coups de cane … et réchappe au coup de feu de son complice )