La révolte est pour minuit - Revolt in the Big House - 1958 - R.G. Springsteen

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kiemavel1
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La révolte est pour minuit - Revolt in the Big House - 1958 - R.G. Springsteen

Message par kiemavel1 » 20 août 2019, 15:42

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Lou Gannon, un homme inquiété dans de multiples affaires mais jusque là jamais confondu, est enfin condamné à 20 ans de prison pour un vol à main armée. Il est transféré dans un pénitencier très sécurisé où il retrouve Doc, une vieille connaissance qui purge une longue peine et qui, emprisonné depuis longtemps et bénéficiant d'un poste grâce auquel il peut recueillir des informations de toutes sortes, le renseigne sur les hommes susceptibles de tenter une évasion. Doc l'oriente vers Bugsy et sa bande qui contrôle la prison du coté des détenus. Bugsy constatant que Gannon a déjà un plan parfaitement au point et qu'il bénéficie de soutiens à l'extérieur, se range derrière le nouveau venu…
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Un film de prison assez original, certes vite oubliable mais qui se suit sans ennui et qui, bien que limité, serait sans défauts s'il ne souffrait d'un manque de moyens assez évident, visible plus particulièrement dans ce qui est habituellement le point d'orgue dans ce genre de récit : l'émeute et/ou l'évasion, en d'autres termes toutes les scènes d'action durant lesquelles la violence finit par exploser. Le film est réputé avec récupéré les stock-shots du film de Don Siegel Les révoltés de la cellule 11 pour donner à la révolte plus d'ampleur. Heureusement car effectivement la figuration semble si réduite que Springsteen est contraint -en dehors de ces inserts- de serrer ses cadres mais ces astuces ne suffisent plus dans les séquences (presque) finales qui trahissent vraiment la pauvreté du budget. Dommage mais je dirais que contrairement à d'autres films comparables, ce n'est de toute façon pas l'émeute - et ses conséquences - qui a intéressé les scénaristes, sans doute justement en raison de la pauvreté des moyens engagés.
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Une partie de l'intrigue nous fait suivre les préparatifs de la future révolte organisée par Gannon et ses nouveaux amis : les complicités qui s'établissent à l'intérieur de la prison, les trucs employés pour parvenir à faire rentrer entre ses murs des armes en pièces détachées puis les moyens trouvés pour les faire circuler dans les lieux sous le nez des gardiens. Des pratiques en elles mêmes risquées mais comme souvent, le plus problématique, ce sont les hommes. Il faut veiller à ce que tout ceci reste discret en s'assurant -par tous les moyens- de la loyauté de tous les gens impliqués ou mis dans la confidence. Car au delà de l'anecdotique et de l'enrobage, ce sont surtout aux hommes que s'intéresse le film et à ce titre, ses quelques personnages principaux très bien caractérisés constituent le point le plus réussi de ce petit film avec pour personnalité centrale le pervers manipulateur Lou Gannon. Car s'il y a bien un gardien chef assez retors qui harcèle les prisonniers, on n'est pas ici dans le film de prison militant à la manière de Les démons de la liberté malgré une situation de départ qui rappellera un peu le film justement célèbre de Jules Dassin dans lequel, dans une atmosphère de violence extrême, le plus violent était le gardien chef incarné de manière magistrale par Hume Cronyn, représentant pervers d'une société dépassée par la violence qu'elle engendre. C'est le gardien qui était le personnage central de ce film puisque c'est par lui que passait le message de Dassin. Il était le même dans La rafale de la dernière chance, un petit film de prison sorti lui aussi en 1958 qui n'employait pas tout à fait les mêmes moyens, se focalisant sur la condition des détenus et jouant sur les émotions fortes et les scènes chocs en montrant des hommes dans le couloir de la mort d'une prison américaine. Il insistait donc sur les angoisses ressenties par les détenus qui finissaient par rendre fou celui incarné par Mickey Rooney, seul véritable psychopathe de cette histoire, même si c'est en raison des méthodes violentes employées par deux gardiens - cette fois ci subalternes - qu'éclatait la rébellion.
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En comparaison, dans le film de Springsteen, on voit peu de scènes chocs propres à ce sous genre du cinéma criminel. On tue certes le détenu seulement susceptible de pouvoir parler -pas encore mouchard et déjà mort- mais c'est à peu près tout en dehors de l'émeute. Il n'y a pas non plus d'interprétations spectaculaires, ni de psychopathes…en dehors toutefois de l'inénarrable Timothy Carey (qui fait bien le barjo) mais seulement par moment car dans ce film, il avait été relativement tenu (et sans camisole ! ), ce que certains admirateurs d'un des plus grands barrés d'Hollywood pourraient déplorer. Cependant, il faut le voir lorsqu'il peut enfin se servir de la mitraillette qui avait été patiemment assemblée tout au long du film :evil: :D . Cela dit, comme il était, contrairement à la plupart de ses autres rôles, ici le 2 ou 3ème au générique, il est très présent à l'écran et le plus souvent il est assez sobre ... Pour lui.
Le personnage central est néanmoins celui de Gannon. Ses manipulations successives pour parvenir à tous prix à s'évader renvoient aux personnages sans scrupules de tant de films noirs et Gene Evans l'incarne parfaitement. Le second personnage important est tout son contraire. C'est le jeune mexicain (formidablement interprété par Robert Blake) qui est transféré dans la cellule de Gannon et qui est emprisonné pour la première fois à la suite de sa participation involontaire à un cambriolage qui a mal tourné. Condamné à 4 ans de prison, il tient à se tenir tranquille pour obtenir une liberté conditionnelle…mais le voisin de cellule de Gannon aurait pu mieux tomber. C'est surement le personnage le plus intéressant. Il semble d'abord être le naïf qui va être dévoré par les loups mais le petit Rudy a de la ressource. Robert Blake n'a malheureusement pas eu la carrière que son talent méritait car il est encore une fois formidable dans ce rôle. Le dernier personnage important, c'est celui interprété par le vétéran John Qualen, toujours impeccable de sobriété en vieux détenu ayant l'oeil à tout et qui semblera suivre aveuglément Gannon. Assez fauché … mais très recommandable !
Vu en vost. Film diffusé à la télévision.
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R.G. Springsteen a été avant tout un réalisateur de westerns. Il a assez peu tourné en dehors de son genre de prédilection. A son actif, quelques films de guerre dont Les feux de la bataille avec Scott Brady et Robert Blake. Un très bon Americana : Come Next Spring avec Ann Sheridan et Steve Cochran (un de ses meilleurs films). Un film d'aventures sur un sujet rappelant Convoi de femmes : A Perilous Journey avec Vera Ralston, Scott Brady, David Brian … et des filles en quête de maris. Et enfin, une poignée de films criminels dont The Red menace, un des plus mauvais film de la série anti-rouge du tournant des années 50. Il en tourna quelques autres, à ce jour pas vus : Double Jeopardy (1955), When Gangland Strikes (1956).
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Réalisation : R.G. Springsteen / Production : Davis Diamond (Allied Artists) / Scénario : Daniel James et Eugène Lourié / Image : William Margulies

Avec Gene Evans (Lou Gannon), Robert Blake (Rudy Hernandez), Timothy Carey ('Bugsy ), John Qualen (Doc), Emile Meyer (le directeur)

kiemavel1
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Re: La révolte est pour minuit - Revolt in the Big House - 1958 - R.G. Springsteen

Message par kiemavel1 » 20 août 2019, 15:46

Contrairement à l'américaine, l'affiche Belge utilisait Timothy Carey au coté de Gene Evans comme tête de gondole en le mettant au premier plan
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Stark
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Re: La révolte est pour minuit - Revolt in the Big House - 1958 - R.G. Springsteen

Message par Stark » 20 août 2019, 16:14

d'après le dossier de presse américain

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Careyment méchant

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Robert Blake, je le trouve excellent dans The purple gang de Frank McDonald réalisé en 1959.

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Re: La révolte est pour minuit - Revolt in the Big House - 1958 - R.G. Springsteen

Message par kiemavel1 » 20 août 2019, 21:23

Careymant méchant, oui, mais on a connu pire avec lui

Quant à Robert Blake, oui, excellent également dans The Purple Gang mais le film lui même m'avait moins positivement marqué, un peu moins qu'un autre film noir de McDonald : The BIg Tip Off avec le grand Richard Conte, acteur auquel j'avais jadis consacré un petit cycle comportant presque tous ses films noirs (pas ici). Mais ça ne m'avait pas semblé être un indispensable non plus.

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chip
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Re: La révolte est pour minuit - Revolt in the Big House - 1958 - R.G. Springsteen

Message par chip » 24 août 2019, 08:36

3 étoiles aussi dans " Film noir guide ".... Carey highly enjoyable in his usual psycho role....Evans as always is terrific. " :|

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Re: La révolte est pour minuit - Revolt in the Big House - 1958 - R.G. Springsteen

Message par kiemavel1 » 25 août 2019, 11:50

Je vais finir par l'acheter aussi ce bouquin :wink:

Par contre, l'auteur a l'air d'avoir recensé bcp de films mais il est comme le "président" (Patrick Brion), assez succinct dans ses critiques, pour ne pas dire sommaire ? C'est comparable ? Comme lui, Il fait plus long sur les films les plus célèbres et importants du genre ?

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chip
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Re: La révolte est pour minuit - Revolt in the Big House - 1958 - R.G. Springsteen

Message par chip » 25 août 2019, 21:13

Il fait plus long, mais moins que toi :)

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