Le traqué - Gunman in the Streets - 1950 - Frank Tuttle

Liste des films critiqués
Répondre
kiemavel1
Messages : 503
Enregistré le : 06 juin 2015, 11:49

Le traqué - Gunman in the Streets - 1950 - Frank Tuttle

Message par kiemavel1 » 17 août 2019, 17:47

Image
Lors d'un transfert, Eddy Roback, un gangster américain qui purgeait une peine de prison en France, est libéré par des complices qui attaquent son fourgon cellulaire et l'escorte policière qui l'accompagnait. Malgré la mobilisation des forces de police qui surveillent ses anciens complices, Roback réussit à contacter Denise, sa dernière maitresse. Avec elle, il traverse Paris pour tenter de réunir la forte somme d'argent nécessaire à sa fuite en Belgique où des complices l'attendent mais les anciens amis contactés refusent de lui venir en aide. Le soir même, Denise retrouve dans un restaurant parisien son nouveau petit ami, un jeune journaliste américain. Celui ci ayant appris l'évasion de l'ancien amant de Denise, comprend que celle ci l'a revu et donne les 300 000 francs nécessaires à la fuite de Roback. Il s'impose même pour accompagner les 2 anciens amants lors de leur cavale...
ImageImage
Si l'on a déjà vu une ribambelle de films noirs nous montrant un couple en cavale, on a plus rarement vu les protagonistes d'un triangle amoureux partir ensemble sur les routes pour fuir la police. Le problème c'est que dans notre histoire, l'un des trois est d'une fadeur telle que cela ôte au film une de ses dimensions essentielles. Dane Clark est lui parfait dans son rôle de dur. C'est une vrai pile électrique. On pense à Cagney, à Kirk Douglas ou à son ami John Garfield :
Il s'extrait lui même une balle qui avait élu domicile dans son bras et, bien qu' handicapé par sa blessure, il empoigne ses contradicteurs à la moindre occasion, cogne dur et défouraille vite ! Il a aussi la rancune tenace et réserve notamment un traitement impitoyable à celui qu'il soupçonne de l'avoir jadis donné à la police. Il a par ailleurs des gouts simples : lorsqu'il raconte son évasion, il décrit avec le sourire aux lèvres le sort du gendarme à qui il était lié par des menottes et qui avait été tué par un complice, abattu d'une balle en pleine tête.

D'autre part, l'intensité de son regard, notamment lors d'une scène d'attraction sexuelle violente, crève l'écran ...
ImageImage
Celle pour qui il en crève, c'est notre Simone nationale qui est elle aussi parfaite. Belle et sensuelle, elle domine aussi l'interprétation par sa sensibilité et sait montrer la complexité de ses sentiments. Elle a été la petite amie de Roback avant son incarcération mais elle n'est pas du milieu. Elle a donc un nouveau petit ami, un jeune journaliste, correspondant à Paris d'un journal américain. Pendant très longtemps - c'est même un des ressorts essentiels du film - on ne sait pas ce que va faire Denise au moment de la séparation inévitable du trio.
-Aime t'elle encore Roback ou l'aide t'elle seulement par loyauté ? Peut-être voudrait-elle aimer le jeune Clinton mais l'attraction sexuelle qu'elle éprouve encore pour Roback l'emporte sur ses sentiments ? Agit-elle par peur de Roback ? En tout cas, la carapace de ce dernier commence à se fendiller et il est même finalement blessé intérieurement - pour commencer -par les hésitations et les atermoiements de Denise à son égard.

Malheureusement, le dernier sommet du triangle n'est pas du tout à la hauteur du couple vedette. Le rôle de Frank Clinton, le jeune journaliste qui est aussi un "fils de famille" (d'où sa facilité à sortir les 300 000 fr au début du récit) est joué par Robert Duke, un acteur qui en est pratiquement resté là et ce n'est pas dommage...Il traverse le film comme un fantôme. Il faut dire qu'il n'est pas aidé par le scénariste qui n'a rien fait ou presque de cette profession de journaliste qui est habillement employé une seule fois alors que cela pouvait éventuellement donner un intérêt secondaire à l'intrigue. Il aurait pu être là pour cyniquement exercer son métier, se faire un coup de pub sur le dos de Roback ou bien d'une autre manière, le scénariste aurait pu jouer de l'éventuelle ambiguïté de la véritable raison de sa présence auprès de l'ancien couple. Or, il n'en est rien. Mais vraiment rien.
ImageImage
Pour en finir avec l'interprétation, celle de Fernand Gravey en commissaire de police est très bonne. Il trimbale une apparente distinction, a un coté débonnaire, manie l'irone et le double langage mais finalement, dans la conclusion du film, il montrera peut-être son vrai visage, celle d'un personnage dur, sec et presque cynique. Voyant Fernand Gravey dans ce rôle, on ne peut pas ne pas penser au Paul Meurisse du film Le deuxième souffle.

J'ajoute qu'une bonne partie des interprètes secondaires sont français, notamment les autres policiers et les anciens complices de Roback. L'accent français très prononcé des comédiens accompagne donc le film, de même qu'une musique très couleur locale. Le film s'ouvre au son de l'accordéon...et sur la tour Eiffel. On est donc dans une atmosphère particulière pour un film noir. J'ajoute pour finir, que l'épilogue du film - le dernier quart d'heure - est sans doute le plus réussi et que son ouverture pétaradante est assez nerveusement filmée. Quelques autres séquences sont plutôt brillamment dirigées par Tuttle, tout aussi brillamment aidé par Eugene Schuftan qui met remarquablement en valeur les décors nocturnes de Paris. Vu en vost (film passé à la télévision chez nous)
ImageImage
Production : Sacha Gordine / Scénario : Jacques Companeez. Dialogue Add : Henry Kane / D. de la photographie : Eugene Schuftan

Avec Dane Clark (Eddy Roback), Simone Signoret (Denise Vernon), Robert Duke (Frank Clinton), Fernand Gravey (Le commissaire Dufresne) et Michel André (Max Salva)
Image

Avatar du membre
chip
Messages : 958
Enregistré le : 17 avr. 2007, 21:04

Re: Le traqué - Gunman in the Streets - 1950 - Frank Tuttle

Message par chip » 18 août 2019, 07:40

Ce film ne fut jamais distribué en salle aux U.S.A. juste un passage Tv en 1963 sous le titre " Time running out ", en Grande- Bretagne son titre est " Gunman in the Streets " ( " film noir guide " de Michael F. Keaney).
Keaney attribue 1 étoile 1/2 pour le film
Barême :
1 étoile : poor
2 etoiles : fair
3 étoiles : good
4 étoiles : very good
5 étoiles : excellent
FINGER MAN :1étoile 1/2
TIMETABLE et CRY VENGEANCE : 3 étoiles

kiemavel1
Messages : 503
Enregistré le : 06 juin 2015, 11:49

Re: Le traqué - Gunman in the Streets - 1950 - Frank Tuttle

Message par kiemavel1 » 18 août 2019, 10:24

Finger Man ou Gunman ?

Selon son échelle de cotation, j'aurais mis 3 1/2 ou 4 à Cry Vengeance et 4 à TImetable.
2 à Finger Man et 1 1/2 ou 2 à Gunman in the streets


Par ailleurs, Il existe une "version française" de " Gunman … ", à priori avec une distribution similaire et le même métrage. Etant donné qu'elle est due à Borys Lewin, célèbre monteur dont c'est la seule "réalisation", on peut supposer qu'il s'agit simplement d'un autre montage, réalisé selon la volonté du producteur français … contre l'avis du réalisateur et du studio qui souhaitaient un autre montage, celui que l'on peut voir dans la version que j'ai évoqué ci dessus … Simple supposition (mais qui parait plus plausible)
Modifié en dernier par kiemavel1 le 18 août 2019, 13:49, modifié 1 fois.

Avatar du membre
chip
Messages : 958
Enregistré le : 17 avr. 2007, 21:04

Re: Le traqué - Gunman in the Streets - 1950 - Frank Tuttle

Message par chip » 18 août 2019, 13:42

Finger man.

Répondre