Une étrange imposture - This side of the law - 1950 - Richard L. Bare

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kiemavel1
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Une étrange imposture - This side of the law - 1950 - Richard L. Bare

Message par kiemavel1 » 25 juil. 2019, 18:28

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Arrêté pour vagabondage, David Cummins passe immédiatement en jugement et doit s'acquitter d'une amende de 50 $ sans quoi il purgera une peine de 30 jours de prison. Incapable de payer l'amende, il est néanmoins libéré à la suite de l'intervention inattendue de l'avocat Philip Cagle qu'il ne connaît pourtant pas. Ce dernier l'entraine à son bureau et lui propose un étrange marché, se faire passer pour un autre pendant une semaine. Pour s'expliquer, Il lui montre une photographie d'un homme dont il est le sosie. Il s'agit de Malcolm Taylor, un homme richissime disparu depuis presque 7 ans dont Cummins devra usurper l'identité pendant une semaine, un délai dont Cagle à besoin pour des raisons juridiques afin d'empêcher que Taylor ne soit déclaré légalement mort car il ne veut pas que son héritage revienne à une famille dont il soupçonne un des membres, sans savoir lequel, d'avoir fait disparaitre Taylor. Contre une récompense de 5 000 $, Cummins se prépare puis se présente au manoir de Sans souci, la demeure familiale où il réussit à duper Calder, le frère de Malcolm Taylor et Nadine, sa femme ainsi que Evelyn, la femme du disparu, mais aucun d'eux ne semblent ravi de revoir le disparu…
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Dernier film de la famille polar réalisé par Richard L. Bare, This Side of the Law est un pur film noir par son intrigue mais il tient aussi du film gothique par son atmosphère et sa localisation (à partir du moment où Cummins/Taylor arrive au manoir perché au sommet d'une falaise surplombant la mer, on ne le quittera plus). Les histoires d'usurpation d'identité et de sosie ont bien inspiré les scénaristes de thrillers, pour m'en tenir aux films de série B je peux citer The 3rd Voice, The Man with my Face , Two of a Kind, Hollow Triumph/The Scar (liste non exhaustive) mais ici il est tout de même difficile d'accepter que l'usurpateur, quand bien même l'homme réapparaitrait après 7 ans d'absence, puisse berner la famille et même la femme du disparu (sa femme quand même ! sans rentrer dans des considérations sexuelles, il est impossible que deux hommes soient absolument identiques). Bref, il faut donc passer par dessus un postulat de départ difficilement acceptable. Alors certes, il est souvent aisé de passer par dessus ce genre d'obstacle, la grosse invraisemblance qu'il faut accepter pour apprécier le spectacle mais ici, de toute façon, conciliant ou pas avec les invraisemblances, le reste étant de toute façon assez bancal, le blocage éventuel sur l'incohérence initiale ne change pas grand chose à notre perception du film.
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Il ne commence pas exactement comme je l'ai écrit. L'arrestation du vagabond David Cummins et son procès expéditif se situent au tout début du très long flashback qui occupe la presque totalité du métrage mais on avait découvert Cummins juste avant, pris au piège au fond d'une citerne asséchée dont il est impossible de sortir et c'est marmonnant pour lui même et semblant résigné qu'il commence à se rappeler les événements qui l'y ont conduit. Lorsqu'il est entrainé à Sans Souci par Philip Cagle après avoir été longuement briefé par ce dernier, il a beau l'avoir averti que son "frère" le détestait, le choc est réciproque, du coté de ceux qui retrouvent le disparu et du coté de l'usurpateur qui constate qu'il est vraiment loin d'être accueilli à bras ouverts. Deux des protagonistes ont de "bonnes" raisons de détester Malcolm Taylor : son frère parce qu'il a toujours été éclipsé par sa personnalité écrasante…et parce que sa ravissante épouse Nadine était sa maitresse. Sa femme Evelyn en raison justement des innombrables infidélité de son époux qui n'a eu de cesse de l'humilier, de l'ignorer et de la mépriser. Quant à la charmante Nadine, Cummins ignorant que Malcolm Taylor avait eu une liaison avec elle, elle ne comprend pas que son ex-amant soit aussi tiède depuis son retour car ça, la vamp au tempérament volcanique ne peut pas le supporter.
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Voilà pour la situation de départ. Alors, si on est de bonne composition, on peut se laisser porter par l'atmosphère, par cette tension assez bien rendue et par l'intrigue qui se développe dans sa logique d'autant plus que la photographie est très belle mais le problème c'est que, à l'image du postulat de départ, on ne croit à rien de ce qu'on nous raconte, principalement en raison du personnage de Cummins/Taylor et de son interprète Kent Smith. En clochard, avec son allure de représentant de commerce, il est déjà peu crédible ; pourtant on a du lui dire que ne pas se raser pendant deux jours et noircir un peu son costume devrait suffire (et c'est vrai que c'est saisissant : on se croirait dans un Wellman des années 30 :P ) mais on a surtout du mal à croire que le bon Kent Smith, qui a toujours l'air d'être entre deux siestes, une sorte de Michael Lonsdale jeune sans le coté lunaire ni la distance ironique, va pouvoir passer pour le flamboyant Malcolm Taylor, l'arrogant millionnaire et le monstre d'égoïsme qui écrasait son entourage. Alors certes, il explique qu'il n'est plus le même homme -et on veut bien le croire- et cela tombe très bien car évidemment, le brave type qu'est fondamentalement Cummins, est très loin du salaud intégral que semblait être le disparu. Par contre, il a beau affirmer qu'il a changé, son frère, muré dans sa haine, ne veut rien entendre et Nadine semble même regretter l'ancien Malcolm. Quant à Evelyn, d'abord circonspecte et méfiante car à l'évidence elle a souffert de ce mariage, on découvre progressivement qu'elle est resté tout ce temps secrètement amoureuse de son mari…ce qui va compliquer un peu la situation de l'usurpateur. Amoureuse de son mari ? Pas tout à fait et pas non plus de David Cummins mais sans doute d'un Macolm Taylor meilleur qu'il n'était avant sa disparition.
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La suite des événements n'est pas plus vraisemblable que le reste mais si on avait cru flairer la suite d'une intrigue semblant cousue de films blancs, on se serait sans doute trompé car on serait resté forcément en dessous de la vérité tant les péripéties et rebondissements sont nombreux. C'est que les questions sont nombreuses : les problèmes de conscience de Cummins vont-ils le démasquer ? Qu'est il arrivé au véritable Malcolm Taylor ? réapparaîtra-il ? ou s'il lui est arrivé malheur, qui en est responsable ?..etc…Un mot sur les interprètes. Avec son regard d'aigle, son jeu très expressif, la très jolie et sombre Janis Paige (dans le rôle de Nadine) est parfaite en vamp agressive (mais il faut aimer le genre mante religieuse). Sa présence énigmatique et son jeu repose toujours sur les mêmes ressorts mais au moins elle se fait remarquer par cette présence singulière qu'on aime ou pas…mais Viveca Lindfors domine aisément le reste de la distribution. John Alvin (Calder Taylor) joue comme un cochon mais comme il était écrasé par la personnalité de son frère et qu'il est cocu, il est doublement excusé. Esthétiquement remarquable (merci Carl Guthrie) mais cependant selon moi facultatif. Vu en vo avec sous titres anglais
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Réalisation : Richard L. Bare / Production : Saul Elkins (Warner) / Scénario : Russell Hughes d'après une histoire de Richard Sale / Photographie : Carl Guthrie / Musique : William Lava

Avec Kent Smith (David Cummins/Malcolm Taylor), Viveca Lindfors (Evelyn Taylor), Janis Paige (Nadine Taylor), Robert Douglas (Philip Cagle), John Alvin (Calder Taylor)
Modifié en dernier par kiemavel1 le 27 juil. 2019, 15:41, modifié 1 fois.

kiemavel1
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Re: This Side of the Law - 1950 - Richard L. Bare

Message par kiemavel1 » 25 juil. 2019, 18:37

Janis Paige dans This SIde of the Law
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Janis dans … Je ne sais pas dans quoi mais dans toute sa beauté :wink:
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chip
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Re: This Side of the Law - 1950 - Richard L. Bare

Message par chip » 26 juil. 2019, 08:54

Si les 2 vedettes féminines peuvent à la rigueur me donner envie de découvrir ce film, ce n'est pas le cas en ce qui concerne les 2 acteurs. Film rare, oublié dans les ouvrages sur le genre NOIR. Merci, pour la découverte.

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chip
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Re: This Side of the Law - 1950 - Richard L. Bare

Message par chip » 26 juil. 2019, 10:22

:? Brion parle du film dans son " Encyclopédie du film noir " (page 428)

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Re: This Side of the Law - 1950 - Richard L. Bare

Message par kiemavel1 » 26 juil. 2019, 22:16

Oui, et il raconte même l'essentiel des développements de l'histoire et spoile vraiment, y compris dans le court avis final dans lequel il donne le nom du coupable. Patrick, pas président :?

Sinon, Kent Smith, je garde quand même un meilleur souvenir de lui dans d'autres films, notamment dans un autre "noir" : L'amant sans visage

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pak
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Re: This Side of the Law - 1950 - Richard L. Bare

Message par pak » 27 juil. 2019, 02:01

Richard L. Bare ?

Inconnu au bataillon... Décidément, j'ai encore pas mal de trucs à découvrir ! Et c'est tant mieux.

C'était le message inutile de 2h du martin !


Sinon le film a un titre français, Une étrange imposture, m'enfin belge, mais c'est pareil puisqu'il a été distribué en province sous ce même titre, à partir du 13/04/1953, mais il n'est pas passé par Paris (ce qui pour beaucoup en fait un film inédit en France, ce qui n'est pas vrai).
Dans la guerre, il y a une chose attractive : c'est le défilé de la victoire. L'emmerdant c'est avant...

Michel Audiard

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Re: This Side of the Law - 1950 - Richard L. Bare

Message par kiemavel1 » 27 juil. 2019, 15:40

On peut quand même voir quelques films de Richard L. Bare. On peut mais rien n'est indispensable non plus, pas plus ses autres films noirs que ses 2 westerns sur lesquels quelques collègues ont du deviser (moi même ait causé de Shoot-out at Medicine bend / Le vengeur, un western-comédie avec Randolph Scott dont on peut se passer : https://forum.westernmovies.fr/viewtopi ... 95#p304795) )

Il a aussi réalisé un film d'aventures pas extraordinaire mais assez amusant quand même : Prisoners of the Casbah (1953). Et puis, pour les fans, c'est l'un des rares Gloria Grahame en couleurs. Je l'ai présenté ici : https://www.cinefaniac.fr/forum/viewtop ... 210#p35283

Sinon, pour les plus de 50 ans, il a aussi réalisé la totalité (il me semble) des épisodes de la série : Les arpents verts, assez populaire dans les 70th (de mémoire ça devait passer quotidiennement autour de midi)

Il a été le doyen des metteurs en scène américains puisqu'il a tenu jusqu'à près de 102 ans (disparu en 2015). A la fin de sa vie, il a été à plusieurs reprises invité à s'exprimer dans des festivals, notamment sur ses films noirs. Je viens de voir que la plupart des vidéos ont apparemment été supprimées. Reste celle ci où on le voit au coté de son ex femme (et actrice) Phyllis Coates. Il avait alors 99 ans … et était loin de les faire. Phyllis tient toujours le coup (92 ans)




Je n'avais jamais vu ce titre français de This Side of the Law. Je l'ajoute

NB : Rien n'a été dit ici sur ses autres films noirs. Je vais donc remettre au carré puis rapatrier

Stark
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Re: Une étrange imposture - This side of the law - 1950 - Richard L. Bare

Message par Stark » 30 août 2019, 10:25

"This side of the law" est cité dans "Film noir : films of trust and betrayal", le pocketessentials de Paul Duncan, qui liste un peu plus de 500 films noir de 1940 à 1960 (c'est juste une liste, plus quelques textes).

Pour en revenir à Janis Paige, je viens de la voir dans un polar italien de 1950, "La strada buia", réalisé par Marino Girolami et Sidney Salkow. C'est vrai qu'elle a un visage combatif qu'on n'oublie pas. Et cette force est restée avec l'âge.


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