Le Diabolique monsieur Benton - Julie - 1956 - Andrew L. Stone

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Moonfleet
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Le Diabolique monsieur Benton - Julie - 1956 - Andrew L. Stone

Message par Moonfleet » 25 mai 2019, 11:45

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Le Diabolique Monsieur Benton (Julie)

Réalisation Andrew L. Stone
Avec Doris Day, Louis Jourdan, Barry Sullivan, Frank Lovejoy
Scénario : Andrew L. Stone
Photographie : Fred Jackman Jr (Noir et blanc 1.85)
Musique : Leith Stevens
Une production Arwin productions (MGM)
USA – 98 mn -1956



Maladivement jaloux de son épouse Julie (Doris Day), Lyle (Louis Jourdan), en rentrant chez eux en voiture, la terrifie en lui maintenant le pied appuyé sur l’accélérateur dans les dangereux virages surplombant les falaises qui mènent à leur maison de Monterey, Californie. Ayant enfin stoppé cette folie, Lyle s’en excuse auprès de Julie. Cette dernière en profite pour lui dire qu’un ami de la famille (Barry Sullivan) lui a fait comprendre que son précédent mari ne se serait pas suicidé mais qu’il pourrait s’être agit d’un meurtre. Lyle admet que dès le moment où il a croisé son regard il était tombé immédiatement amoureux de Julie encore mariée, qu’il en avait immédiatement conçue une jalousie morbide pour son mari et avoue in fine en lui faisant promettre de garder le secret qu'il l'a assassiné. Effrayée, Julie s’enfuit le dénoncer à la police qui ne peut rien faire sans preuves concrètes. C’est le début d’une course poursuite, Lyle n’ayant désormais de cesse que d’essayer d’éliminer sa femme…

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Thriller oblige, je suis obligé d’emblée de vous prévenir de la présence de spoilers ici et là : terrain miné donc ! Une hôtesse de l'air dont le mari est maladivement jaloux découvre que ce dernier aurait tué son ex-époux soit disant suicidé. Elle va alors le fuir avec l'aide d'un ami mais le fou dangereux la retrouve où qu'elle aille… jusque dans un avion pour une dernière partie qui préfigure rien moins que la franchise à venir des Airport nous donnant même à voir un final qui sera quasiment repris dans Airport 1975 (747 en péril) de Jack Smight, séquence au cours de laquelle Karen Black devait faire atterrir l’avion à la place des pilotes qui n'étaient plus en état de le faire. C’est exactement la même mission que devra mener dans les dernières minutes une Doris Day qui aura été effrayée et qui aura couru pour sauver sa vie tout au long de ce curieux mélange de suspense et de film catastrophe.

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Andrew L Stone fut d’ailleurs un spécialiste du film catastrophe au début des années 60 ; grâce à l'efficacité de sa mise en scène il arrivait à pallier le manque de moyens pour aboutir à des œuvres vraiment prenantes : Panique à Bord – The Last Voyage ou Le Cercle de feu – Ring of Fire ; des films qui préfiguraient au niveau de la conduite du récit et du suspense les grosses machineries de la décennie suivante tels L’Aventure du Poséidon de Ronald Neame ou La Tour infernale de John Guillermin, pour ne citer que les meilleurs. Sans énormes moyens financiers, utilisant son savoir-faire et d’excellents castings, avec également un maximum d'imagination et de roublardise bienvenue, il arrivait à constamment nous tenir en haleine. Avant cette période, le cinéaste mit en boîte pour la 20th Century Fox dans les années 30 son plus grand titre de gloire, le célèbre -mais pénible- Stormy Weather après avoir travaillé dans les laboratoires Universal et avoir dirigé des courts métrages pour la Paramount. A partir de 1946, il tournera surtout en association avec son épouse Virginia, monteuse et coproductrice, des thrillers à petits budgets dont Julie fait partie.

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Dans Le Diabolique monsieur Benton -le titre français n’est pas franchement un spoiler étant donné que l’on est témoin dès la première minute de la folie du personnage joué par Louis Jourdan et au bout de seulement un quart d’heure de son statut d'assassin psychopathe- la première heure se déroule sous forme de thriller avec cette course poursuite à travers la Californie de Monterey à San Francisco, l'inquiétant Louis Jourdan cherchant à assassiner Doris Day qui a voulu le quitter pour le dénoncer ; il se termine en film catastrophe à bord d'un avion dont les pilotes ont été mis hors d'état de rentrer à bon port, l'hôtesse allant donc devoir se débrouiller seule. L'efficacité de la mise en scène est parfois bien là (notamment lors de l’excellente séquence au cours de laquelle Julie décide de fuir la maison conjugale dominant les falaises) mais elle est un peu annihilée par un scénario et des situations absolument pas crédibles faisant sombrer très souvent le film dans l’humour involontaire, le tout encore plus plombé par une partition envahissante et assourdissante ainsi que par la voix-off de Doris Day qui s’avère redondante avec les images et donc totalement inutile. Doris Day avait au départ refusé le rôle à cause de la folie de son époux dans le film qui lui rappelait trop de mauvais souvenirs de ses deux premiers mariages. Même si elle fait du mieux qu'elle peut, elle ne transcende rien du tout, le registre de son personnage étant bien trop limité ; tout comme Louis Jourdan d'ailleurs, beaucoup trop monolithique en psychopathe.

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Bref, pas forcément désagréable grâce aussi aux superbes paysages de la cote californienne de Carmel à Monterey, à une belle photo en noir et blanc, à de sympathiques seconds rôles (notamment Barry Sullivan et Frank Lovejoy) et à quelques séquences efficaces, mais néanmoins très décevant faute surtout à une écriture bâclée qui dépeint grossièrement ses personnages et rend l’intrigue peu crédible voire même totalement invraisemblable et de ce fait souvent ridicule. Il est d’ailleurs assez incroyable que le scénario ait été nominé aux Oscars. Pris en tenaille entre les deux chef-d’œuvre que sont L'Homme qui en savait trop (The Man who Knew too Much) de Alfred Hitchcock et Pique-nique en pyjama (Pajama Game) de Stanley Donen, Julie fait d'autant plus pâle figure ; il s'avère d'ailleurs l'un des films les moins convaincants de la filmographie de Doris Day qui dans le même registre sera autrement plus convaincante dans Midnight Lace de David Miller.
Source : DVDclassik

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