[11/09/2019] Sarati le terrible (LCJ)

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pak
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[11/09/2019] Sarati le terrible (LCJ)

Message par pak » 03 sept. 2019, 16:17

Sarati le terrible est un film assez rare avec Harry Baur, appartenant à un genre auquel le film doit, au-delà de son ancienneté, un certain oubli, le film colonial.

Du moins dans son contexte. Car on est là plus proche du drame, et donc d'un Pépé le Moko (les deux trames se déroulent à Alger, même si pour le second, tout a été reconstitué dans les studios Pathé Cinéma tandis que les extérieurs l'ont été à Sète et Marseille), que d'un film d'aventures comme La Bandera. C'est une réalisation d'André Hugon, tirée d'un roman de Jean Vignaud, journaliste et écrivain, président de la Société des gens de lettres de 1936 à 1944, né à Saintes, Charente-Maritime, le 24/09/1875 et décédé à Nice le 11/02/1962. La Maison du Maltais c'est lui aussi. On notera que le roman existe aussi sous la forme d'un drame lyrique en 4 actes (paroles de Jean Vignaud et musique de Francis Bousquet), et qu'une première adaptation a été réalisée en 1922 par Louis Mercanton (même titre). Le roman semble avoir eu un certain succès puisqu'il existe une édition de 1942 chez Plon, l'éditeur d'origine, qui mentionne que c'est la 19ème édition.

Dans ce récit, on assiste à l'incapacité d'un homme à conquérir celle qu'il aime. Il faut dire aussi que cet homme, César Sarati, est surnommé "Sarati le Terrible", car c'est une brute sans scrupules et sans pitié qui exploite les débardeurs du port d'Alger. Il leur loue des taudis, leur prête de l'argent à la petite semaine, qu'ils doivent donc très rapidement rembourser. Sarati n'hésite d'ailleurs pas à les poursuivre sur leur lieu de travail pour récupérer son argent par la force. Avec les années, il a ainsi amassé un joli magot qu'il prédestine à sa jeune nièce dont il est secrètement amoureux. Mais cette dernière va évidemment rencontrer un beau jeune homme au passé trouble...

On voit bien le mélo des familles se profiler. Ceci dit, il y a le grand Harry Baur dans le rôle titre, et moi j'adore ! On le voit jouer aux côtés de sa seconde femme (il est veuf depuis 1931), Rika Radifé, qui l'a accompagné dans six de ses films entre 1934 et 1937 (celui-ci sera le dernier). Ils se sont mariés le 15 juin 1936. Rika Radifé se consacrera au théâtre. Les extérieurs ont été tournés en Algérie, ce qui nous vaut une vision quasi documentaire du port d'Alger et des alentours des années 1930.

Et puis il y a la jolie Jacqueline Laurent, la fleuriste du Jour se lève, carrière en pointillés, sept films entre 1935 et 1942, dont un à Hollywood pour la MGM, avant l'exil en Italie et l'oubli...

Le film avait été édité en VHS par les éditions Montparnasse, dans sa collection "L'Âge d'or du cinéma" en décembre 1991, mais il faudra attendre 2005 pour que le film soit diffusé à la télévision, et encore, sur une chaine payante, l'ancienne CinéCinéma Classic, le 25 février à 20h45.

Contre toute attente, le film retrouve même, le temps d'une projection, le chemin des salles. En effet, du vendredi 5 au mardi 16 novembre 2010 s'est déroulée l'édition 2010 du "Maghreb des films" au cinéma Les 3 Luxembourg (cinéma indépendant d'Art et Essai situé au 67, rue Monsieur-le-Prince dans le 6ème arrondissement de Paris). Cette manifestation annuelle a été créée en 2009. Dans sa programmation, Sarati le terrible a été proposé le dimanche 7 novembre dans un cycle nommé "Alger ville cinématographique".

Et le 11 septembre prochain, c'est l'éditeur LCJ qui proposera le film en DVD, pour la plus grande joie des fans d'Harry Baur (s'il en reste) et du cinéma français des années 1930 (bis).

Il fallait saluer cette sortie car on a oublié que le réalisateur du film, André Hugon, également producteur, fut prolifique et très populaire dans les années 1920-1930. Il est vrai que peu de ses films ont laissé une trace indélébile dans l'Histoire, d'autant qu'il tournait à la va-vite plusieurs films par an. Dans les années 1930, ce ne sont pas moins de 22 longs-métrages qu'il réalisera. Seule la guerre stoppera cette frénésie (il arrivera quand même à mettre 6 films en boite entre 1940 et 1945). Même son passage à une certaine postérité (toute relative car qui ça intéresse ? ) est contesté, car il serait l'auteur du premier film parlant français avec Les Trois masques sorti le 01/11/1929. Mais certains puristes estimant que le tournage, qui dura quinze jours, fut fait aux studios d'Elstree à Londres, ça ne compte pas... C'est pourtant une production Pathé Natan, oui Môssieur ! Du coup la palme reviendrait à Henri Chomette (un autre oublié, faut dire, avec un frère nommé René Clair) et son film Le Requin sorti le 14/03/1930... Encore que a priori, le film était plus sonore que parlant. Oublié donc lui aussi, mais pas aidé non plus par ses positions antisémites et sa disparition prématurée en 1941 à l'âge de 45 ans, ce qui ne va pas motiver la restauration de ses quelques films...

Mais revenons à notre André, qui certes a beaucoup donné dans le populaire, l'opérette, le comique troupier, le mélo, mais avec pas loin d'une centaine de films réalisés entre 1913 et 1951, qu'il a généralement écrit et produit, parfois monté, il doit bien y avoir quelques perles méconnues, notamment dans sa période muette où il faisait preuve d'une certaine ambition.

LCJ a commencé à déterrer certains de ses films (Gaspard de Besse, Romarin, La Rue sans joie, Le Chant de l'exilé, L'Affaire du Grand Hôtel, et le coffret Mistinguett offrant titres muets mettant en vedette la fameuse chanteuse, dont Fleur de Paris et Chignon d'or sortis en 1916, avec déjà Harry Baur), tout comme Gaumont (Les 28 jours de Clairette et Maurin des Maures).

Allez, cette édition valait bien un petit texte, pour cet artisan à la fois majeur et mineur du cinéma français...

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Michel Audiard

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