Prisoners of the Casbah (1953)
Réalisation : Richard L. Bare / Production : Sam Katzman / Distribution : Columbia / Scénario : DeVallon Scott / Photographie : Henry Freulich / Direction musicale : Mischa BakaleinikoffAvec Gloria Grahame (la princesse Nadja/Yasmin), Cesar Romero (Firouz), Turhan Bey (Ahmed), Nestor Paiva (Marouf), Eddie Fields (Abdullah), Lucille Barkley (Soura)
De retour d'un voyage à l'étranger, l'émir d'Alger, n'ayant pas de fils, convoque Ahmed son capitaine des garde à qui il soumet son projet de faire de lui son successeur à condition qu'il épouse sa fille Nadja. Ahmed refuse d'épouser cette princesse hautaine qui de toute façon ne l'aime pas et qui voudrait épouser le grand vizir Firouz. En raison de son refus, Ahmed tombe en disgrâce et n'a la vie sauve que par l'intervention inattendue de Nadja. Malgré le refus de son homme de confiance, l'émir rejette la proposition de mariage de son vizir. Celui ci, pour obtenir le consentement de l'émir échafaude une tentative d'enlèvement de la princesse afin de passer pour son sauveteur. Ses hommes déguisés en bédouins attaquent l'oasis de l'émir mais celui ci est blessé mortellement par une balle perdue et la manipulation de Firouz est un échec. Avant de mourir, l'émir fait promettre à Ahmed qu'il protègera Nadja. Ils sont tout deux capturés mais Ahmed parvient à échapper à ses gardiens et force la princesse à s'enfuir avec lui. Poursuivis par les hommes du vizir, ils trouvent refuge dans la casbah d'Alger, refuge des voleurs et des assassins…
Une petite "bagdaderie" produite par l'infatigable Sam Katzman, le producteur d'une multitude de films de série B (mais j'aurais pu aller chercher plus loin dans l'alphabet) tournés à la va-vite (celui ci en 12 jours) dont il confiait la réalisation à des metteurs en scène peu exigeants et pas dévorés d'ambition mais dont il savait pouvoir obtenir malgré tout un produit fini présentable et même parfois honorable. C'est pour lui que Sidney Salkow, Lew Landers, Fred Sears ou William Castle tournèrent -pour certains- plusieurs dizaines de films ; des films noirs et quelques films de guerre mais surtout des westerns et des films d'aventure. Mais ce n'est pas à un de ces filmeurs en série que l'on doit Prisoners of the Casbah puisque ce film sera l'unique collaboration de Richard L. Bare avec le producteur et d'autre part il s'agit de son seul film d'aventures…Il fait d'ailleurs plutôt partie du dessus du panier, surtout pour son humour constant qui sauve les meubles car il apparait très vite comme une évidence qu'au moins deux des comédiens principaux ont pris ce film par dessus la jambe.
César Romero, pourtant dans un rôle en or que d'ordinaire il valorise, notamment en raison de sa capacité à jouer conjointement sur deux registres ; le rôle plus ou moins sérieux qu'il doit par contrat et la touche de second degré, fournit ici le minimum dans son rôle de vizir qui veut devenir émir à la place de l'émir car dans un film où tous les autres s'en donnent à coeur joie, lui reste trop sobre. Mais l'épreuve qu'il faut passer (amusante quand même), c'est la découverte de Gloria Grahame dans un film d'aventures qui restera le seul de sa carrière (mais on l'a quand même vu dans quelques westerns…et en couleurs) ; car même si on finit par s'y faire, dans un premier temps elle donne l'impression d'être complètement déplacée dans un tel contexte. Elle n'est pas aidée par un dialoguiste farceur qui lors de sa première apparition à l'écran, lui a donné une séquence abondamment dialoguée, mais surtout dans laquelle abonde les Sonorités et les liaiSons dangereuSes pour Gloria dont on connait le petit défaut de prononciation. C'est un festival : Ze people…Alwayz ze same facesss, ze same people ; Ze same stories. For eXample…This issss… Ççça sssaute tellement aux oreilles que l'on peut soupçonner le dialoguiste d'avoir utilisé le zézaiement de Gloria a des fins comiques puisque de toute façon -je l'ai dit- le film est constamment parodique mais je la soupçonne aussi de n'avoir fait aucun effort pour dissimuler ce défaut. Une façon de "gâcher" et de signifier son dédain ou bien une façon de se mettre au diapason du film ?
Pourtant, même si on est loin du chef d'oeuvre, le film est constamment plaisant et semble moins fauché que bien d'autres films produits par Katzman. Passées les séquences dans le désert avec des extérieurs assez pauvres (4 tentes et des palmiers en plastoque), la suite est plus clinquante. Les costumes sont chatoyants ; la Casbah d'Alger tout comme le palais de l'émir (occupée par Firouz depuis la mort du père de Nadja) sont assez joliment "reconstitués" et d'une manière générale le film est esthétiquement très réussi. Il ne manque pas non plus de péripéties mais j'en dis un minimum sur l'intrigue en précisant simplement que les prémisses de l'histoire aurait pu faire croire que le scénariste (semble t'il unique, c'est assez rare…ou plus probablement le seul crédité) allait permettre de dresser le portrait d'une jeune femme émancipée puisque Nadja se dresse contre les volontés de son père et refuse le mariage qu'il tente de lui imposer. Le soucis c'est que si la jeune femme ne manque pas de caractère, elle se trompe sur toute la ligne en préférant au fidèle Ahmed le séduisant Firouz … et presque jusqu'au bout elle va vouloir à tout prix rejoindre le camp de l'ancien vizir.
Ironiquement, rien ne se passe comme elle le voudrait. Elle est d'abord contrainte de fuir avec Ahmed puis, après qu'ils aient trouvé refuge dans la casbah d'Alger dirigée par Marouf, le prince des voleurs…et des assassins (pour rire), les voilà contraints de se marier. Mais si Ahmed semble enclin à réviser son opinion concernant la princesse, l'inverse n'est pas vraie. Initiée par un charmeur de serpent dans le souk d'Alger, Nadja va interdire sa chambre à Ahmed en dressant le serpent en barrage contre son époux. Ceci et d'autres évènements vont entrainer une réaction qui contredit l'éventuelle (involontaire ?) modernité du personnage interprété par Gloria Grahame puisque la farouche épouse finit par être fessée dans une séquence précédée par cette réplique de Turhan Bey : "I'm going to exercise one of my fundamental rights as a husband ; I am going to beat my wife !". Ce film marqua pratiquement la fin de la carrière au cinéma de Turhan Bey (il réapparu toutefois occasionnellement 40 ans plus tard). C'était un bon spécialiste de ce genre de films puisqu'il fut surtout l'un des partenaires privilégiés de Maria Montez. Mieux qu'escompté mais néanmoins facultatif.
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Gloria :
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