J'avais entre autre sous-titrés trois films noirs mexicains pour la Cinémathèque et j'avais été étonné par leur qualité et la façon dont elle montrait l'universalité d'un genre qu'on associe beaucoup à Hollywood alors qu'il s'est développé un peu partout ailleurs. Je ne ferai pas une critique de ces trois films, mais je les avais trouvé assez représentatifs des différents aspects du genre.
Crepusculo (1945) de Julio Bracho avec Arturo de Cordova et Gloria Martin, raconte l'histoire d'un chirurgien qui, plongé dans une sorte de transe ou d'état de stupeur, ne parvient plus à opérer. En flashback, on va découvrir que l'origine de ce trouble est la rencontre avec une femme, quelques années plus tôt. Le film est plus orienté vers le drame, mais avec des éléments classiques du film noir (la trahison, le complot meurtrier) et dans une ambiance qui s'approche parfois du fantastique.
Mains criminelles (En la palma de tu mano) (1951) de Roberto Gavaldon avec encore une fois Arturo de Cordova, ainsi que Leticia Palmo et Ramon Gay, raconte comme un diseur de bonne aventure fait chanter une femme dont le mari vient de mourir, d'une cause qu'on devine rapidement ne pas être très naturelle. On est là au cœur du genre, avec le triangle fatal, des rapports humains ambigus, et une peinture intéressante du personnage de chiromancien.
Los Dineros del Diablo (1953) d'Alejandro Galindo, avec Amalia Aguilar et Robert Canedo, nous plonge dans le côté social du film noir. On est dans le Mexique de la pauvreté, celui des ouvriers, des petites gens, réduits à basculer dans l'illégalité par la misère et l'implacable lutte des classes. J'avais traduit ce film en premier et trouvé qu'il n'avait pas à pâlir face à ses équivalents américains.
Sans doute ces trois films, qui m'étaient jusque-là inconnus, le sont-ils pour les habitués du forum, mais sinon, selon leur disponibilité, il me semble constitué une intéressante trilogie mexicaine dans le genre.
Los Dineros del Diablo