Résumé : Le milliardaire Charles Foster Kane, magnat de la presse, vient de mourir dans sa fabuleuse propriété de Xanadu en prononçant un seul mot : Rosebud. A partir de cette maigre piste, le reporter Thompson va tenter de reconstituer la vie de cet étrange personnage... Lieu de tournage : Malibu, Pasadena, San Diego, RKO Studios, Hollywood, Los Angeles, Californie, Huntington, Long Island, New York
Informations complémentaires : Sortie États-Unis : 05/09/1941.
Sortie France : 03/07/1946 - Reprises : 20/03/2002 - 10/09/2008.
Tournage : 29/06 - 23/10/1940.
Prix et nominations :
- National Board of Review 1941 : prix du meilleur film, du meilleur acteur (deux fois : George Coulouris et Orson Welles) et prix Top Ten Films,
- New York Film Critics Circle Awards 1941 : prix du meilleur film, nominations pour les prix du meilleur réalisateur et du meilleur acteur (Orson Welles),
- Academy Awards 1942 : Oscar su meilleur scénario original + 8 nominations : meilleur film, meilleur acteur (Orson Welles), meilleur réalisateur, meilleure photo N&B, meilleure direction artistique NB, meilleur son, meilleur montage et meilleure musique,
- National Film Preservation Board 1989 : enregistrement au National Film Registry,
- Online Film & Television Association 1997 : prix Hall of Fame,
- Village Voice Film Poll 1999 : prix du meilleur film du siècle,
- DVD Exclusive Awards 2001 : prix du meilleur commentaire audio (Roger Ebert),
- Online Film Critics Society Awards 2002 : nomination pour le prix du meilleur DVD,
- Satellite Awards 2011 : nomination pour le prix du meilleur DVD d'un classique (édition "Ultimate Collector's Edition"),
- Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films 2012 : nomination pour le prix de la meilleure édition spéciale DVD/Blu-Ray (édition "70th Anniversary Ultimate Collector's Edition"),
- Online Film & Television Association 2021 : prix Hall of Fame pour le personnage de Charles Foster Kane (Orson Welles).
Autres sélections :
- Panorama du cinéma européen d'Athènes 2005,
- Panorama du cinéma européen d'Athènes 2007,
- Festival de Cannes 2015,
- Festival international du film d'Odessa 2015,
- Festival du cinéma américain de Deauville 2015,
- Festival du film de Turin 2015,
- AFI Fest 2016,
- Festival international du film de San Francisco 2017.
En dehors d'un court métrage muet et inédit en 16 mm intitulé The Hearts of Age en 1934 et d'un ensemble de courts conçus pour une pièce de théâtre, Orson Welles n'a réalisé aucun film lorsqu'il s'attaque à 25 ans à son premier long métrage. Auparavant il a travaillé comme acteur et metteur en scène au Phoenix Theatre devenu Mercury Theatre en 1938. Il est devenu célèbre grâce à ses activités à la radio où il imitait les voix d'hommes politiques et surtout en effrayant l'Amérique entière, en enregistrant pour les ondes La Guerre des Mondes de H.G. Wells le 30 octobre 1938, annonçant l'arrivée des Martiens. Il signe un contrat avec la RKO le 21/07/1939.
Bien que désormais considéré comme l'un des meilleurs films de tous les temps pour reprendre la formule consacrée, l'accueil fut tout autre à sa sortie. Malgré toute la publicité faite autour, le film a été un flop au box-office. Aux Oscars de 1941, le film était hué à chaque fois qu'une de ses neuf nominations était annoncée.
Le film disparaît rapidement des salles et ne réémerge que grâce à la reconnaissance de critiques comme le Français André Bazin, et ressort aux États-Unis en 1956.
Hormis le contexte international, l'une des explications de l'échec de Citizen Kane serait l'acharnement du magnat de la presse et homme d'affaires William Randolph Hearts. En effet Orson Welles s'est inspiré du magnat pour le personnage principal de Charles Foster Kane, et le multimillionnaire le savait bien avant la sortie du film.
Ce conflit entre les deux hommes sera l'occasion de plusieurs péripéties.
Par exemple, pendant le tournage, Welles a reçu un avertissement selon lequel Hearst se serait arrangé pour qu'une femme nue saute dans ses bras au moment où il entrerait dans sa chambre d'hôtel, tandis qu'un photographe orésent dans la chambre se tenait prêt à prendre une photo qui aurait été utilisée pour le discréditer. Welles a passé la nuit ailleurs, et on ne sait pas si l'avertissement était avéré (Hearst était aussi un propagateur du journalisme des fake news).
En s'inspirant du magnat de la presse, Orson Welles s'exposait à de sérieuses complications. Hearst tenta de faire interdire le film et organisa une campagne de presse pour le faire boycotter. Hearst était tellement en colère contre le film qu'il a accusé Orson Welles d'être un communiste afin d'empêcher la sortie du film. Alors que sa sortie était prévue pour le 14/02/1941, Citizen Kane ne sort que le 1er mai à New York après plusieurs projections privées et une présentation générale à la presse le 9 avril.
Le soir de la sortie du film à San Francisco, Orson Welles s'est retrouvé seul avec William Randolph Hearst dans un ascenseur de l'hôtel Fairmont de la ville. Conscient que son père et Hearst étaient amis, Welles a invité le magnat à assister à la première du film. Hearst a décliné l'offre et, alors qu'il était sur le point de sortir de l'ascenseur à son étage, Welles a fait remarquer: "Charles Foster Kane aurait accepté".
En fait, Orson Welles n'entendait pas spécialement s'attaquer à la personne de Hearst. Il avait surtout l'intention de critiquer toute une classe sociale de dirigeants parvenus et mégalomanes. D'ailleurs à l'origine, le film allait être basé sur la vie d'Howard Hughes incarné par Joseph Cotten. Finalement, Orson Welles s'est persuadé que personne ne croirait la plupart des choses que Hughes avait faites, alors il a décidé de faire de Kane un baron des médias à la place. L'incroyable vie de Hughes sera narrée à l'écran 60 ans plus tard par Martin Scorsese dans Aviator avec Leonardo Di Caprio dans le rôle du milliardaire.
Les tentatives d'interdire le film par Hearst ont donné lieu à un documentaire télévisé intitulé The Battle over Citizen Kane de Michael Epstein et Thomas Lennon, diffusé au sein de la série documentaire American Experience (septième épisode de la huitième saison) le 29/01/1996 sur la chaine Public Broadcasting Service (PBS). Un téléfilm produit par Ridley et Tony Scott, Citizen Welles (RKO 281) de Benjamin Ross, avec Liev Schreiber (Orson Welles), James Cromwell (William Randolph Hearst), Melanie Griffith, John Malkovich et Roy Scheider, raconte aussi cette histoire, diffusé le 20/11/1999 par la chaine HBO. Ce téléfilm sera exploité en salles en France le 06/12/2000.
Pour garder les dirigeants de studio RKO à l'écart, Orson Welles a affirmé que les acteurs et l'équipe étaient en répétition pendant les premiers jours de tournage, alors qu'en fait ils tournaient le film. Il a fallu plusieurs jours avant que le studio ne s'en aperçoive. Tout au long de la production, Orson Welles a eu des problèmes avec divers dirigeants qui ne respectaient pas la condition de non-ingérence de son contrat et plusieurs espions ont été infiltrés sur le plateau.
Le public qui regarde Kane prononcer son discours est en fait une photo fixe. Pour donner l'illusion du mouvement, des centaines de trous ont été percés avec une épingle et des lumières étaient déplacées derrière elle.
Orson Welles fit installer des objectifs avec grand angle sur les caméras, ce qui donna une profondeur de champ exceptionnelle pour l'époque. Cela a obligé le chef opérateur à utiliser parallèlement des courtes focales pour que l'image reste nette en arrière et premier plans. L'utilisation fréquente de la contre-plongée a également forcé le chef opérateur à faire venir la lumière du sol.
Orson Welles utilisa aussi des trucages dans les décors. Il fit ajouter des peintures trompe l'oeil en transparence pour faire des jeux de perspective et installer des faux-plafonds.
Il existe une controverse sur la paternité du scénario, surtout depuis 1971, lorsque la critique de cinéma Pauline Kael publia un essai intitulé "Raising Kane" dans lequel elle affirmait sans réelles preuves que le scénario était une création exclusive du scénariste Herman J. Mankiewicz. Depuis, des analyses de notes de productions, télégrammes et de divers documents ont montré que c'était complètement faux, même si Welles avait tenté de soudoyer Mankiewicz pour qu'il accepte de voir son nom retiré du générique et de l'affiche (il avait d'ailleurs dis oui, mais le syndicat des scénaristes américains, la Writers Guild of America, s'en été rendue compte et s'y était opposée). Le consensus étant que les deux hommes avaient eu l'idée, que Mankiewicz avait écrit un premier jet de brouillon, que Welles l'a ensuite fortement modifié, le script étant de plus régulièrement revu durant le tournage. Frank Mankiewicz, fils d'Herman J. Mankiewicz, a lui-même démenti les assertions de Kael, mais la polémique perdure. La copie de travail personnelle de 156 pages d'Orson Welles du scénario du film s'est vendue 97 000 $ en 2007.
Orson Welles est la première personne à avoir été nommé aux Oscars du meilleur acteur et du meilleur réalisateur pour le même film.
L'ouverture du film avec juste le titre et aucun nom de star était sans précédent en 1941. C'est maintenant une norme pour les superproductions hollywoodiennes.
C'est l'un des premiers rôles au cinéma de Joseph Cotten, issu du Mercury Theatre, troupe théâtrale créée par Orson Welles en 1937. Ce dernier engageant une bonne partie des acteurs de sa troupe pour participer au film.
Le comédien Alan Ladd fait de la figuration dans ce film. Il apparaît en reporter. Il deviendra célèbre l'année suivante en jouant dans Tueur à gages (This Gun for hire) de Frank Tuttle.
Pour ce film, Bernard Herrmann compose sa première partition cinématographique. Il deviendra l'un des meilleurs compositeurs de films d'Hollywood des années 1940 aux années 1970, marquant (entre autres) plusieurs des œuvres les plus célèbres d'Alfred Hitchcock.
En France, à sa sortie, le film fait 838 736 entrées, dont 594 860 à Paris.
Citizen Kane, , 1941, Joseph Cotten, Dorothy Comingore, Agnes Moorehead, Ruth Warrick, Ray Collins, Erskine Sanford, Everett Sloane, William Alland, Paul Stewart, George Coulouris, Fortunio Bonanova, Gus Schilling, Philip Van Zandt, Georgia Backus, Harry Shannon, Harry Shannon, Sonny Bupp, Buddy Swan, Orson Welles, John Alban, Demetrius Alexis, William Alston, Sam Ash, Walter Bacon, Harry A. Bailey, Brandon Beach, Charles Bennett, Joan Blair, William A. Boardway, Danny Borzage, Morgan Brown, Harry Burkhardt, J.J. Clark, Edmund Cobb, Eddie Coke, Nat 'King' Cole, Tom Coleman, Gene Coogan, Sally Corner, Gino Corrado, Herbert Corthell, Maurice Costello, Thomas A. Curran, Louise Currie, Jack Curtis, Tim Davis, Dona Dax, Carl Deloro, George DeNormand, Eddie Dew, John Dilson, Robert Dudley, Art Dupuis, Al Eben, Jack Egan, Carl Ekberg, Richard Elmore, Edith Evanson, Carl Faulkner, Ray Flynn, Olin Francis, Louise Franklin, Jack Gargan, Bud Geary, Rudy Germane, Renee Godfrey, Peter Gowland, Jesse Graves, Robert Haines, Sam Harris, Lew Harvey, Henry Hebert, Bryan 'Slim' Hightower, Mitchell Ingraham, Walter James, CeePee Johnson, Edna Mae Jones, Milton Kibbee, Alan Ladd, Mike Lally, Carmen Laroux, Perc Launders, Walter Lawrence, Bert LeBaron, Ellen Lowe, Buck Mack, James T. Mack, Teddy Mangean, Mickey Martin, Clyde McAtee, Frank McLure, Charles Meakin, Hercules Mendez, Buddy Messinger, Irving Mitchell, Bert Moorhouse, Philip Morris, Louis Natheaux, Lillian Nicholson, George Noisom, Joseph North, John Northpole, Field Norton, William H. O'Brien, Arthur O'Connell, Frank O'Connor, Paddy O'Flynn, Lillian O'Malley, Edward Peil Jr., Gerald Pierce, Thomas Pogue, Russ Powell, Terrance Ray, Jack Raymond, Sam Rice, Suzanne Ridgway, Cyril Ring, Myrtle Rishell, Don Roberts, Victor Romito, Benny Rubin, Shimen Ruskin, Edward Ryan, Walter Sande, Jack Santoro, Francis Sayles, Dick Scott, George Sherwood, Bruce Sidney, Tom Steele, Bert Stevens, Landers Stevens, Jack Taylor, Bob Terry, Glen Turnbull, Gohr Van Vleck, Harry J. Vejar, Larry Wheat, Jan Wiley, Larry Williams, Tudor Williams, Vivian Wilson, Roland Winters, Arthur Yeoman, Orson Welles, cinéma, cinefaniac, action, aventures, comédie, guerre, noir, comédie musicale, western, critique, base de données, DVD, Citizen Kane DVD, DVD, critique, Citizen Kane critique, Orson Welles critique
